AERONAUTIQUE EN 2021. Qu'est-ce qui sera le plus important cette année?

Déclaration du PDG d'Airbus

Cette année montrera combien valent les engagements des gouvernements européens en faveur d'une capacité de défense plus forte et plus autonome.

Les discussions attendues sur les budgets dans le cadre de la lourde pandémie de COVID-19 testeront également l'assertivité de ceux qui jouent un rôle dans la politique de défense.

L'année 2021 est l'une des étapes décisives pour les futurs programmes les plus importants de l'aviation militaire. Nous prévoyons que l'Allemagne, la France, l'Italie et l'Espagne signeront le contrat du drone européen au premier semestre. En créant une alternative européenne, et même en fondant une nouvelle génération de drones, ces quatre nations établissent une première pierre angulaire stable pour le Future Combat Air System (FCAS). En FCAS, cependant, non seulement le segment moyenne altitude et longue endurance jouera un rôle, mais aussi plusieurs variantes de télé-porteurs, dont nous avons l'intention de tester la technologie lors de démonstrations en direct cette année. Pour cela, ainsi que pour les quatre autres piliers du projet FCAS, une mise en service du démonstrateur phase 1B d'ici le milieu de l'année est de la plus haute importance.

FCAS est le projet de défense européen le plus ambitieux de l'histoire, et nous sommes tous fiers d'en faire partie. Mais FCAS a également un calendrier très ambitieux qui doit être respecté. Si nous voulons y parvenir d’ici 2040, cela nécessite un travail discipliné de la part de l’industrie européenne et une évaluation réaliste des capacités de chacun.

Dans le même temps, les dirigeants politiques doivent faire avancer le projet de manière pragmatique. Le pragmatisme comprend également l'acceptation de différentes vitesses dans les projets d'armement conjoints. En outre, il sera important d'ouvrir largement le concept de défense. Dans un projet dédié au milieu du siècle, il ne doit pas arriver que nous omettions les éléments d'espace, de réseautage, de traitement des données et de cyber sécurité. Aussi complètes et multidimensionnelles que soient les menaces, les options pour nos contre-mesures doivent l'être aussi.

Cette année verra également un gagnant dans deux grands appels d'offres d'avions de combat européens, à savoir la Suisse et la Finlande. Il révélera si le moment est venu pour les nations de choisir des partenariats industriels et politiques au sein de leur voisinage proche, ou si elles s'efforcent toujours de conclure des partenariats ailleurs comme elles le faisaient il y a 30 ans.

L'avion Eurofighter est la solution véritablement européenne et s'intégrerait parfaitement dans les deux forces aériennes. En particulier, son évolution à long terme en fera l'avion de choix pour la défense aérienne au-delà de 2060, et également une partie pleinement intégrée du FCAS.

Une autre décision importante sera prise sur la manière dont l'Allemagne et la France veulent procéder avec le futur système de guerre aéroportée maritime. Le programme MAWS, lancé en 2018 par les deux ministères de la défense, est un important projet de coopération internationale qui ajoutera de nouvelles capacités et préservera celles existantes pour la préparation aux missions de l'Europe.

L'année écoulée a montré à quel point les moyens de défense peuvent également être importants pour les secours en cas de catastrophe. D'innombrables fois, les avions de transport et de pétroliers multi-rôles A400M et A330 ont transporté des fournitures de secours et des patients en soins intensifs, contribuant ainsi à atténuer la détresse là où elle était le plus grave. Cela a assuré une forte acceptation de nos forces armées - peut-être aussi parmi des couches de la population qui, autrement, ne voudraient pas voir la nécessité de telles institutions.

Dans le même temps, il est également devenu clair que la sécurisation de son propre espace aérien ou de celui d’un allié ne s’arrête pas simplement à cause d’une pandémie. Il sera également intéressant de voir comment la relation entre les États américains et européens évoluera.

À mon avis, un véritable partenariat doit se développer à nouveau. La capacité souveraine de l’Europe à assurer sa propre sécurité à long terme peut et doit être dans l’intérêt de toutes les parties concernées. Cela suppose également que la nécessité de maintenir la propre compétence technologique de l’Europe soit encouragée en conséquence au sein de l’Europe, même si l’achat en dehors de l’Europe peut sembler plus facile au premier abord.

À long terme, un investissement dans sa propre souveraineté, et donc aussi dans ses propres capacités technologiques, sera toujours payant.

L'année dernière nous a appris tout ce qui compte à la fin. Cette année, nous tirerons les bonnes conclusions.

Dirk HOKE
PDG d'Airbus

Source Airbus Group

Rediffusé sur le site de l'ASAF : www.asafrance.fr
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