ARMEMENT : Dassault et Airbus donnent le coup d'envoi au futur avion de combat.

Posté le jeudi 26 avril 2018
ARMEMENT : Dassault et Airbus donnent le coup d'envoi au futur avion de combat.

Les deux industriels sont parvenus à un accord pour développer le futur avion de combat européen, porté par la France et l'Allemagne.

 

Une fois n'est pas coutume, Dassault Aviation et Airbus Defence & Space ont grillé la politesse aux responsables politiques. Les deux groupes ont annoncé ce mercredi, la signature d'un accord qualifié d'historique pour développer le futur avion de combat européen, appelé à remplacer les Eurofighter et les Rafale vers 2035-2040. Si  la signature d'un tel accord au salon aéronautique de Berlin (ILA) était attendue , son annonce aurait dû intervenir ce jeudi, lors de la conférence de presse commune des ministres de la défense français et allemand.

Envoyer un message

Eric Trappier, le PDG de Dassault Aviation et Dirk Hoke, le directeur général d'Airbus Defence & Space, ont apparemment jugé que l'annonce de leur accord serait un bon message envoyé aux décideurs politiques. « C'est un accord de principe, pour dire que nous sommes prêts, a expliqué Eric Trappier. Nous disons à nos ministères de la Défense, à nos responsables politiques : nous sommes prêts, à présent allez-y ».

« Nous devons nous mettre immédiatement au travail afin d'élaborer ensemble une feuille de route commune [...] afin de répondre aux exigences et de respecter les délais qui seront fixés par les deux Etats, a indiqué pour sa part, le patron d'Airbus Defence & Space. Le lancement d'une étude initiale commune par la France et l'Allemagne dès cette année est donc d'une importante critique pour soutenir cet effort ».

Signature officielle ce jeudi

Message apparemment reçu cinq sur cinq. La ministre des armées Florence Parly et son homologue allemande Ursula von der Leyen signeront ce jeudi après-midi le document consacrant la décision de la France et de l'Allemagne de développer le « système de combat aérien du futur » (SCAF). « Il s'agit d'une première historique et d'un pas décisif pour l'Europe de la défense, affirme le ministère français des armées. La signature de ce document, quelques mois seulement après le conseil franco-allemand de défense et de sécurité de juillet 2017 qui avait initié ce projet, est une illustration de la détermination de la France et de l'Allemagne à agir rapidement pour l'Europe de la défense ».

Répartition des rôles

Les deux avionneurs promettent un premier démonstrateur dès 2025. Reste toutefois à régler plusieurs questions sensibles, dont la répartition précise des rôles entre les industriels français et allemands, en commençant par Dassault Aviation et Airbus. « Nous allons faire des propositions de répartition de la charge de travail », explique-t-on chez Dassault, qui s'est toujours dit prêt à participer à la conception du futur avion de combat européen, à condition d'y tenir le rôle de maître d'œuvre. « Je crois à la coopération européenne, à condition de désigner l'entreprise la plus compétente comme architecte, et je pense que c'est Dassault Aviation, la seule entreprise du continent qui sait encore construire un avion de combat de A à Z », expliquait récemment son PDG dans une interview aux « Echos ».

Dassault maître d'œuvre

L'accord passé avec Airbus laisse penser que l'avionneur français a obtenu gain de cause auprès de son puissant partenaire. Airbus D & S et ses sous-traitants allemands devraient néanmoins récupérer une part de charge de travail à la hauteur de l'investissement de l'Allemagne, qui sera probablement le premier client du futur avion de combat franco-allemand.  L'armée de l'air allemande, dont les Tornado arrivent en fin de vie , aurait besoin de 120 à 150 appareils pour couvrir ses besoins d'ici à 2035, tandis que l'armée française, dont les Rafale peuvent être modernisés, devra seulement remplacer d'ici là, ses Mirage 2000D, au nombre d'une cinquantaine, et éventuellement ses premiers Rafale.

Commandes allemandes

A condition toutefois que l'Allemagne n'aille pas passer commande ailleurs. L'offensive d'Airbus et Dassault intervient en effet alors que le premier cherche à obtenir le contrat de remplacement des 90 avions Tornado de la Bundeswehr. L'armée de l'air allemande, qui veut remplacer ces avions de combat à partir de 2025, a identifié quatre modèles : l'Eurofighter, co-développé par Airbus, mais aussi trois modèles américains - le F-15, le F-18 et F-35 de Lockheed Martin, présents au salon de Berlin.

« Nous avons un excellent avion, dont la production sécurise une importante compétence de construction aéronautique en Allemagne et, dans le même temps, soutient fortement la souveraineté européenne en matière de défense », a plaidé, mercredi Bernhard Brenner, directeur commercial d'Airbus Defence & Space, lors de sa présentation sur l'ILA. Pour lui, l'Eurofighter fournirait « la base technologique de la future génération d'avion de combat européen ».

Dilemme cornélien

Pour le ministère de la Défense allemand, l'industriel va un peu vite en besogne. Berlin veut en effet distinguer clairement les deux sujets et voit l'annonce d'Airbus et Dassault comme une tentative de se rendre incontournable. Au sein de la Luftwaffe, les gradés sont partagés entre l'Eurofighter européen et le F-35 américain. Un dilemme cornélien pour l'Allemagne, qui dit vouloir faire avancer sur l'Europe de la défense, mais insiste sur la relation transatlantique.

Alors qu'Angela Merkel s'envole ce jeudi vers Washington, elle se prépare à entendre les reproches récurrents de Donald Trump : le déficit commercial des Etats-Unis avec l'Allemagne et le manque de dépenses militaires consenties par l'Allemagne par rapport aux autres membres de l'OTAN. Commander des F-35 à Lockheed Martin permettrait en tout cas de faire une pierre deux coups et de flatter l'ego du président américain. Mais fâcherait les Européens.

Bruno TREVIDIC  et Thibault MADELIN
(Les Echos.fr)

 

Dissué sur le site de l'ASAF : www.asafrance.fr

Source : www.asafrance.fr