AUDITION du médecin général Maryline GYPAX GENERO, directrice du SSA devant la Commission des Affaires étrangères de la Défense et des forces armées du Sénat

Posté le vendredi 24 avril 2020
AUDITION du médecin général Maryline GYPAX GENERO, directrice du SSA devant la Commission des Affaires étrangères de la Défense et des forces armées du Sénat

 


Extraits de l’audition
du Médecin général des Armées Maryline Gygax Généro directrice du Service de santé des armées devant la Commission des Affaires étrangères de la Défense et des forces armées du Sénat. (17 avril 2020)

 

 

Engagement du SSA

(…) L'hôpital Bégin, qui est notre hôpital référent en infectiologie, a d'emblée été référencé par la santé publique comme établissement de premier niveau.
Quatre autres hôpitaux (Percy à Clamart, Sainte-Anne à Toulon, Laveran à Marseille et Clermont-Tonnerre à Brest) ont été reconnus comme établissements de deuxième niveau. L'hôpital Robert-Picqué à Bordeaux est reconnu comme hôpital de rang trois. Comme leurs homologues de santé publique, ces six hôpitaux militaires ont très vite augmenté leurs capacités de réanimation. Ils ont ainsi presque triplé leur nombre de lits de réanimation, qui sont passés de 57 avant la crise à 166 actuellement, auxquels il convient d'ajouter les 30 lits de l'élément militaire de réanimation du service de santé des armées (EMR-SSA).

Parallèlement, des unités de lits permettant une prise en charge de patients Covid en médecine intensive ont été installées au sein des huit hôpitaux d’instruction des armées (HIA)y compris ceux de Lyon et de Metz, qui n'ont plus de service de réanimation, nos anesthésistes-réanimateurs ayant été insérés chez les partenaires civils.
Le SSA compte ainsi, en sus, 238 lits dédiés à la prise en charge de patients Covid hors réanimation.
Depuis le début de la crise, près de 2 000 patients Covid ont été hospitalisés au sein des hôpitaux d'instruction des armées, dont 354 en réanimation. En outre, 5 000 patients Covid ont été vus en consultation. À lui seul, l'hôpital Bégin a réalisé 30 % de l'activité de réanimation liée au Covid-19 du SSA.

L'un des grands atouts du SSA est son aptitude à concevoir des unités de soutien médical des armées dans tous les environnements.

Ainsi, lorsque le Président de la République a exprimé le 16 mars le souhait qu'une structure de réanimation militaire soit mise en œuvre en appui de l'hôpital de Mulhouse, nous avons conçu, équipé et déployé à partir du 21 mars l'EMR-SSA. Je souligne qu'il s'agit non pas d'un hôpital de campagne à proprement parler- ce n'est pas une structure autonome -, mais d'un authentique service de réanimation de 30 lits, sous tente, sécurisé, créé ex nihilo en moins d'une semaine et déployé grâce au soutien des armées.
Il est destiné à accueillir des patients très infectieux, ce qui est différent de la prise en charge des blessés de guerre à laquelle nous sommes rompus. Il fonctionne en très bonne collaboration avec l'hôpital de Mulhouse, qui assure une part de son soutien logistique et technique, et en parfaite entente avec les équipes médicales de celui-ci. Je suis fière d'indiquer que cet EMR-SSA, qui est armé par une centaine de personnels du SSA et trente personnels du régiment médical, a pris en charge à ce jour 44 patients, selon une logique de flux, puisqu'il s'agissait de ne jamais être saturé et d'être toujours en capacité d'accueillir de nouveaux malades. Au total, 11 de ces patients ont été transférés dans d'autres régions, dont deux en Allemagne ; 18 ont été transférés vers le centre hospitalier universitaire (CHU) de Mulhouse, dont 12 en hospitalisation médicale post-réanimation. On déplore deux décès.

 

Conclusion de l’exposé

 

(…) Dans le cadre de cette crise majeure, le Service de santé des armées (SSA) répond présent à hauteur de ses moyens, lesquels ne sont pas, et n’ont jamais été conçus pour répondre à des problématiques de santé publique à l’échelle de notre pays:
le SSA a pour raison d’être le soutien des armées et la satisfaction du contrat opérationnel.

Il a comme vous le savez subi des réductions significatives de format au cours des LPM précédentes, en même temps que les armées réduisaient le leur. Depuis, les effectifs des armées ont été renforcés, et la LPM actuelle permet de stabiliser les moyens du SSA, avec une légère augmentation en deuxième partie de LPM (2023-2025 note ASAF).
Il y aura sans nul doute des conséquences à tirer, à l’issue de cette crise, même s’il est certainement encore un peu tôt pour déterminer précisément le niveau et la nature des moyens du SSA à réexaminer, qu’il s’agisse de spécialités médicales ou de moyens matériels.

Je serai également attentive à la régénération des personnels du SSA, et à l’organisation qui permettra de soutenir les armées lorsqu’elles reprendront la plénitude de leurs activités. Nous sommes en train d’élaborer les prévisions en la matière, dans la mesure du possible.


Réponse à la question d’un sénateur relative à l’élément militaire de réanimation du Service de santé des armées (EMR-SSA) déployé à Mulhouse



(…) Je n'ai pas pu répondre à toutes les questions, mais je souhaiterais dire un dernier mot concernant l'EMR-SSA.
Le SSA ne dispose pas actuellement d'hôpital de campagne. C'est prévu dans le contrat opérationnel et le budget permettant d'acquérir et de mettre en place cet hôpital de campagne au sein des établissements de ravitaillement sanitaire est en cours de discussion.

L'EMR-SSA a donc été conçu et déployé en 6 jours et demi, et non 12 jours, ce qui constitue un exploit, parce que nous ne sommes entraînés que pour la prise en charge des blessés de guerre, très différente de celle de malades infectieux. L'installation sous tente, déployable rapidement, offre la solution la plus flexible. L'EMR n'est pas une structure autonome, c'est un service qui doit pouvoir s'appuyer sur un hôpital. D'autres pays ont déployé des lits de surveillance médicale dans des gymnases, mais déployer des lits de réanimation dans ce type d'enceinte ajouterait un degré supplémentaire de complexité, car il faut garantir la qualité des soins.

L'EMR-SSA est donc la structure modulaire qui correspond le mieux à ce que nous savons faire. Conçue dans un temps très court, elle a permis de garantir la qualité des soins. J'ajoute que mon homologue allemand m'a confirmé qu'il ne disposait pas d'un hôpital de campagne. Concernant le faible nombre de décès en Allemagne, je ne dispose pas à ce jour d'éléments permettant d'expliquer les écarts observés entre les différents pays.

Le désengagement progressif de l'EMR-SSA est destiné à permettre de le réutiliser ailleurs, plus ou moins complètement, en fonction des impératifs de santé publique, y compris outre-mer : il faut biodécontaminer la structure, la reconditionner, compléter le matériel, régénérer les équipes, de façon à pouvoir la redéployer d'ici à quelques semaines.

 


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Rediffusé sur le site de l'ASAF : wwww.asafrance.fr

Source : www.asafrance.fr