CONSEQUENCES : L'invasion de l'Ukraine par la Russie offre des leçons sur terre, sur mer et dans les airs
WASHINGTON – Des mois après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les experts affirment que le conflit fournit de nouvelles leçons dans les domaines terrestre, aérien et maritime, façonnant potentiellement les stratégies futures de l'armée américaine. La semaine dernière, le ministère de la Défense a annoncé un autre programme de sécurité de 270 millions de dollars pour l'Ukraine, comprenant des systèmes d’armes d'artillerie à haute mobilité [Himars] et des systèmes aériens sans pilote Phoenix Ghost. Cela porterait le nombre total de HIMARS ukrainiens à 16 et enverrait 580 Phoenix Ghosts supplémentaires en première ligne, selon un communiqué du Department of Defense (DoD).
La bataille sur terre
S'exprimant jeudi à la Heritage Foundation, David Johnson, un colonel à la retraite de l'armée américaine, a décrit le combat sur terre comme une guerre d'usure. En partie, cependant, la guerre d'usure de la Russie va à l'encontre de la volonté de l'Occident d'aider l'Ukraine, et pas seulement de la volonté de lutter contre les forces armées ukrainiennes, a-t-il noté. "La supposition de Poutine est" Je leur survivrai et je briserai leur volonté "", a déclaré le Col Johnson. "'Et je vais aussi travailler sur l'Ouest parce que l'hiver arrive.'" Ce type de guerre, a-t-il dit, est quelque chose que l'armée américaine moderne n'a pas connue. Les États-Unis devraient se préparer à ce type de "choc pour le système" alors qu'ils font face à des menaces croissantes, a ajouté le Col Johnson. "Voici à quoi ressemble la vraie guerre, et nous ne l'avons pas vue depuis si longtemps, nous l'avons oublié", a-t-il déclaré.
Capitaliser sur les vulnérabilités de la mer Noire
Bien qu'une grande partie de leurs forces navales aient été épuisées au début, l'Ukraine a réussi à tirer parti des vulnérabilités russes, y compris les faiblesses de ses navires contre les missiles de précision et l'exclusion de Moscou de la mer Noire. Bryan Clark, chercheur principal à l'Institut Hudson, a déclaré lors du même événement la semaine dernière que des missiles de précision tirés depuis la terre avaient porté certains des coups les plus visibles de la Russie dans le conflit, notamment le naufrage du Moskva, le navire amiral de la flotte russe de la mer Noire. "L'Ukraine n'a vraiment pas été capable de faire grand-chose en mer, mais ce qu'elle a pu faire... c'est tirer parti de ses armes anti-navires qui sont lancées depuis le rivage pour pouvoir retenir la marine russe", a déclaré M. Clark. . Le naufrage du Moskva, a-t-il dit, montre clairement « qu'il suffit d'un missile pour traverser » un navire de guerre qui le laissera « au moins hors de combat et potentiellement anéanti».
La stratégie navale de la Russie est également au point mort en raison de la géopolitique du détroit du Bosphore, la seule voie navigable sortant de la mer Noire.
La Turquie, qui contrôle le détroit, l'a fermé à tous les navires de guerre en mars, rendant impossible le remplacement des navires de guerre endommagés par le blocus. Maintenant, la Russie n'a plus qu'à tirer parti de son blocus contre le reste du monde.
Ces dernières semaines, la Russie a engagé des négociations qui permettraient à l'Ukraine – l'un des plus grands exportateurs mondiaux de céréales – de sortir ses produits de la ville portuaire d'Odessa. Un navire transportant 26 000 tonnes de maïs a quitté lundi la ville portuaire d'Odessa. Dans un accord séparé, la Turquie a accepté d'ouvrir le détroit du Bosphore afin que la Russie puisse exporter ses propres céréales et engrais, selon des informations de la National Public Radio. La négociation n'a pas affecté le mouvement des navires de guerre dans le détroit.
Selon le Programme alimentaire mondial des Nations Unies, près de 50 millions de personnes sont menacées de famine en raison des perturbations de l'approvisionnement alimentaire mondial causées par le blocus russe. "Le plus grand défi auquel nous sommes confrontés aujourd'hui dans le monde est la pénurie alimentaire résultant du blocus russe d'Odessa", a déclaré M. Clark. "À bien des égards, le combat naval est celui qui a le plus de conséquences pour le reste du monde."
Sous-performance de la Russie dans les airs
Alors que beaucoup considèrent que la Russie possède la deuxième armée de l'air la plus puissante au monde, l'incapacité de la Russie à atteindre la supériorité aérienne tout au long du conflit a jeté des doutes sur la projection de la puissance aérienne de Moscou. Rebecca Grant, présidente d'IRIS Independent Research, a déclaré lors de la table ronde que les pilotes russes décollent généralement, uniquement pour atteindre l'altitude, lancer un missile sur l'Ukraine, puis retourner immédiatement à l'aérodrome. Ce genre de performance, dit-elle, la fait douter des perceptions antérieures de la puissance aérienne russe. "La performance de la Russie dans les airs a été terrible", a déclaré Mme Grant. "Il s'avère, vraiment, qu'ils étaient juste une sorte d'armée de l'air continentale. Ils n'aiment pas voler la nuit. Ils n'aiment pas voler très loin en Ukraine. Un autre domaine de sous-performance, a déclaré Mme Grant, a été les campagnes militaires conjointes entre les différentes armées des forces russes. Elle a souligné une offensive mal coordonnée lors de l'assaut aérien sur l'aéroport de Hostomel à l'extérieur de Kiev dans les premiers jours de l'invasion, où les troupes russes ont été repoussées et ont finalement mis fin à leur siège prévu sur la capitale ukrainienne. "Comment en sommes-nous arrivés à surestimer les capacités de l'armée de l'air russe et surtout leurs capacités à travailler dans ... une campagne armée ou conjointe?" dit Mme Grant. "Cela a été une surprise le manque de niveau d'intégration."
Zamone Perez
Defense News
1er août 2022