COOPERATION : Le rendez-vous annuel de la brigade franco-allemande

Posté le dimanche 18 décembre 2022
COOPERATION : Le rendez-vous annuel de la brigade franco-allemande

La BFA en manoeuvre

 

Plus de 1 500 soldats se sont réunis pour le rendez-vous annuel de la brigade franco-allemande, l’exercice Feldberg, du 17 au 28 octobre à Bergen, en Allemagne. Pour cette édition, les unités et l’état-major binational se sont entraînés au combat interarmes de haute intensité. Prête à déployer une force d’intervention multinationale, la brigade est le reflet de la synergie entre les forces françaises et allemandes.

 

Dans la brume automnale du mois d’octobre, un bruit mécanique typique présage la présence d’engins chenillés. Dissimulés derrière des branchages, 3 chars surgissent d’une lisière. Une scène familière des camps de Champagne. Pourtant, celle-ci se déroule à Bergen, en Allemagne du Nord. Les véhicules sont des Panzerhaubitze, des pièces d’artillerie parmi les plus modernes au monde, dont les obus peuvent atteindre une portée de 30 kilomètres. C’est ici, au cœur d’un des plus grands camps d’entraînement militaire d’Europe, que se tient l’exercice phare de la brigade franco-allemande (BFA) Feldberg, du 17 au 26 octobre.

Conduit chaque année en France ou en Allemagne, ce rendez-vous permet aux unités subordonnées à la BFA et à son poste de commandement, de s’entraîner au combat interarmes. 1 500 soldats y participent. Côté tricolore, le 1er régiment d’infanterie (1er RI) et le 3e régiment de hussards (3e RH), manœuvrent aux côtés du bataillon de commandement et de soutien, du Jägerbataillon 291, de l’Artilleriebataillon 295 et de la Panzerpionierkompanie 550. Dans le scénario, la BFA est déployée en soutien d’une nation alliée, menacée par un pays voisin.

Engagée d’abord comme force de dissuasion, elle intervient ensuite dans le cadre de la défense collective de l’Alliance. Une mission qui exige de savoir riposter ensemble face à un ennemi commun. Les premiers jours de Feldberg sont consacrés aux ateliers de tirs interarmes, tous calibres, de jour comme de nuit, qui serviront lors de la restitution générale finale, le live firing exercice.

 

« Tester l’interopérabilité »

 

Au-delà de renforcer la rusticité des soldats et leurs capacités techniques, cette préparation opérationnelle développe la complémentarité entre les différentes armes, au profit d’une même mission. « Feldberg sert à parfaire l’interopérabilité et à tester la compatibilité des systèmes techniques, humains et des procédures au sein de la brigade », explique le général Jean Philippe Leroux, commandant la BFA. Dans l’embrasure d’un bâtiment en briques rouges, des jumelles plaquées aux yeux, le capitaine Michel du 1er RI, ordonne un tir à une batterie allemande. Sa mission : détruire des cibles à environ 2 kilomètres de sa position. Une première pour lui.

Loin de ses attributions au régiment, il a suivi une semaine de stage à Stetten pour apprendre à coordonner des feux dans la profondeur. « J’ai sous mes ordres des équipes d’observateurs. C’est toujours intéressant de comprendre les subtilités et les contraintes du métier, même si ma fonction ici est toute autre », précise le commandant d’unité. En effet, il assure le commandement d’un sous-groupement tactique interarmes (SGTIA) français, au sein duquel son unité est engagée avec ses Griffon. Subordonné au Jägerbataillon 291, le dispositif est renforcé par le 3e RH.

À ses côtés, le lieutenant Markus, officier allemand de liaison, est omniprésent. Il l’accompagne au quotidien dans toutes ses activités. Son rôle est de faciliter l’intégration du SGTIA : « Nos procédures de tirs sont différentes. Je m’assure donc qu’elles soient comprises et respectées par mes camarades ». Un plus pour eux : il parle la langue de Molière. Au loin, 2 Griffon font feu.

 

« Capter les nuances »

 

Au bureau de sécurité des tirs, binational, le commandant Thierry est officier de liaison. Il coordonne l’ensemble des tirs de l’exercice avec ses camarades. En cas de besoin, sa mission est d’intervenir directement et rapidement sur le réseau allemand, auprès des unités françaises. « En Allemagne, la réglementation locale s’applique. De plus, le matériel de chacun implique des notions de sécurité particulières », souligne-t-il. Grâce à Feldberg, la BFA entraîne ses unités allemandes et françaises d’artillerie, de génie, d’infanterie, ainsi que ses systèmes d’information respectifs, à opérer ensemble.

Mais la brigade dispose également d'une unité unique, nativement binationale : le bataillon de soutien de de commandement (BCS). Ce dernier assure le transport de matériel, de carburant ou de munitions, le ravitaillement ou encore l’escorte des convois. En temps normal, il peut assurer le pré-déploiement, la réception sur le théâtre et le soutien de l’opération en cours. « Le vrai challenge, c’est la compréhension entre nos opérateurs. Même si nous parlons tous anglais, voire allemand, il y a une différence entre maîtriser une langue et savoir en capter les nuances. Toutefois, nous parvenons sans peine à remplir nos missions, au quartier ou sur le terrain », souligne le lieutenant-colonel Angot, chef de corps des éléments français du BCS.

Au-delà de soutenir la BFA dans l’exercice, Feldberg est une vraie mission opérationnelle de soutien avec un thème tactique pour l’unité.

 

Première force d’intervention multinationale

 

À quelques kilomètres de là, dans la ville voisine de Ostenholz, une manœuvre génie est en cours. Un engin de franchissement blindé Biber déploie son pont mobile pour permettre à l’infanterie française et allemande de passer. À l’avant, les sapeurs de la Panzerpionierkompanie 550 ouvrent l’itinéraire pour s’assurer qu’aucune munition n’a été déposée par l’adversaire. Puis c’est au tour du Dachs, engin de terrassement, d’intervenir pour libérer la voie obstruée par des obstacles lourds. À la différence des brigades allemandes ou françaises, la BFA dispose d’une autonomie complète de ses moyens. « C’est notre force », assure le général Leroux.

Avec son bataillon allemand d’artillerie, doté de radars Cobra et de drones de surveillance, ou encore son BCS, la BFA est la première force d’intervention multinationale déployable sur un théâtre d’opération. « Ses procédures sont calquées sur celles de l’Otan, avec l’anglais comme langue de travail », précise-t-il. Depuis le début de l’année, son état-major arme la Very high readiness joint task force – VJTF, soit la force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation. Avec Feldberg, la BFA affirme ainsi sa capacité à déployer l’ensemble de ses forces dans un environnement interopérable.

 

La brigade franco-allemande

 

Fondée en 1989 au lendemain de la guerre froide, la BFA est une unité binationale composée de 5 600 soldats, dont 40 % de Français et 60 % d’Allemands. Subordonnée à la 1re division de Besançon et à la 10e Panzerdivision de Veitshöchheim, elle témoigne du lien solide unissant les deux membres de l’Alliance que sont l’Allemagne et la France.

 

Une brigade “force d’entrée en premier”

 

La notion de “brigade d’entrée en premier” a été définie en 2004 par les chefs d’état-major des armées français et allemand. Elle prédispose la BFA, si les deux nations le décident, à être la première brigade à intervenir sur un théâtre d’opération. Depuis le 1er janvier 2022, la France dirige la force de réaction rapide de l’Otan (Nato Response Force - NRF). À ce titre, l’état-major de la BFA arme la VJTF. Sa participation aux exercices interalliés Brilliant Jump et Cold Response en Norvège, visaient à évaluer la rapidité de déploiement de ses unités en zone de crise, sous commandement de l’Otan et à entraîner ensemble les armées de 5 nations, dans un environnement difficile et froid.

 

CNE Eugénie LALLEMENT, Ministère des Armées,
Terre information magazine TIM
16/12/2022

Source photo :  Ministère des Armées

  
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Source : www.asafrance.fr