Défense : les industriels veulent une relance

Posté le dimanche 26 avril 2020
Défense : les industriels veulent une relance

Tous alignés pour mener la charge. Les présidents des organisations patronales de l’aéronautique, du naval militaire et de l’armement terrestre plaident d’une seule voix afin que l’industrie de défense fasse partie des plans de relance en France, mais aussi en Europe. « C’est absolument fondamental », ont-ils affirmé, lors d’une audition devant la commission de la défense de l’Assemblée nationale.

L’objectif est de préserver la Base industrielle et technologique de défense (BITD) avec ses dizaines de milliers d’emplois hautement qualifiés, répartis sur tout le territoire et le long du littoral. À elles seules, les 400 entreprises aéronautiques membres du Groupement des industries françaises aéronautique et spatiale (Gifas) emploient 200 000 personnes. La filière navale fait travailler 40 000 personnes et les acteurs du terrestre, 20 000. Sans oublier les salariés des milliers de PME et TPE, dont beaucoup de pépites technologiques.

Il s’agit aussi d’assurer aux armées, sursollicitées à l’intérieur et à l’extérieur des frontières nationales, le meilleur niveau d’équipements. Cela, en restant compétitifs face à la concurrence internationale et en pérennisant l’indépendance stratégique militaire du pays.

Face à la crise du Covid-19 qui affecte les industriels de l’armement, « nous proposons un plan de relance pour soutenir la défense, sur le modèle de celui mis en place après la crise financière de 2008 », déclare Stéphane Meyer, président du Gicat (armement terrestre) et PDG du constructeur de blindés Nexter. Le volet défense du plan de relance de 2008 représentait 2,4 milliards d’euros sur un total de 34 milliards. Compte tenu de la profondeur inédite de la crise économique attendue, il faut aller plus loin. « Il est nécessaire d’augmenter les crédits afin d’amplifier la relance de l’industrie de défense, ce qui passe par la hausse de son budget dans la loi de finance 2021 et une révision de la loi de programmation militaire 2019-2025 avec prise en compte des montants absolus et pas du pourcentage du PIB, qui s’est contracté. Cela en affermissant des commandes qui sont encore optionnelles », précise-t-il.

« La commande publique est le meilleur outil pour relancer l’économie », insiste Hervé Guillou, président du Groupement des industries navales (Gican). « Avant de parler de relocalisations, rappelons que l’industrie de défense est déjà localisée en France, et qu’un euro dans le budget français va directement dans l’emploi en France », relève Éric Trappier, président du Gifas et PDG de Dassault Aviation *, constructeur de l’avion de combat Rafale.

À court terme, les entreprises qui tournent avec 20 % à 30 % en moyenne des effectifs ont pour « priorité absolue » la maintenance des matériels, la dissuasion et la défense aérienne. Les grands industriels ont aussi, en liaison avec le ministère des Armées, organisé la solidarité interfilière, afin de repérer les PME les plus en difficultés, dont la défaillance « peut affecter toute l’industrie ».

L’autre combat se déroule sur le front européen. Les États-Unis ont placé l’aéronautique et la défense au premier rang des industries stratégiques dans leur plan de relance. « Est-ce que l’Europe a un plan pour ces industries stratégiques ? Nous discutons avec Thierry Breton (commissaire au Marché intérieur, notamment en charge de la défense, NDLR) afin que le budget de 13 milliards destiné au fonds européen de défense ne soit pas réduit dans le prochain budget de la Commission », souligne Éric Trappier. Le président du Gifas appelle aussi à la reprise et à la réussite des coopérations européennes et à l’instauration - enfin - d’une préférence européenne en matière d’achat de matériels militaires.

« Ce n’est pas le moment de baisser la garde en Europe », martèle Hervé Guillou. « Il faut espérer que la situation fera réfléchir la Direction de la concurrence sur la consolidation européenne, qui est un moyen de créer des champions capables de se défendre contre leurs concurrents étrangers et de se protéger des OPA hostiles », conclut le président du Gican.

 

Véronique GUILLERMARD
Le Figaro

Source photo : Ministère des Armées
Légende : Tactical Robot ODF Eye Drive de la société Karil international

Rediffusé sur le site de l'ASAFA : www.asafrance.fr

 

Source : www.asafrance.fr