EUROSATORY : Les vidéos de la guerre en Ukraine attirent les foules au salon des armes d'Eurosatory

PARIS – Alors que des dirigeants français, allemands et italiens se rendaient à Kiev cette semaine, plus d'une douzaine d'hommes d'affaires ont été arrêtés, peut-être même bouleversés, devant un stand du ministère ukrainien de la Défense lors d'un salon de l'industrie de la défense près de Paris.

Là, une vidéo montrant les armes militaires sur lesquelles l'Ukraine s'appuie pour se défendre contre une invasion russe a tourné en boucle. Pendant les quatre premiers jours de la conférence Eurosatory ici, de petites foules, du genre habituellement réservées aux attractions populaires des salons commerciaux telles que les chiens robotiques ou le café expresso fort, se sont rassemblées à l'extérieur et ont regardé, la plupart du temps silencieuses et sans expression.

Le montage des images de guerre est censé être l'invasion de la Russie cette année et les efforts de l'Ukraine pour riposter. Dans une scène, ce qui semble être des camions russes sont repérés par le dessus, camouflés dans les bois. Dans la scène suivante, une explosion. Et puis de la fumée s'échappe de la forêt.

Dans un autre, ce qui est vraisemblablement un avion russe est touché par un système anti-aérien Strila-10, puis descend vers le sol et explose en une boule de feu. Boom. Une seconde plus tard, un plan de coupe sur la ferraille brûlée et l'épave. Aucun corps n'est montré.

Entre les scènes, l'écran géant, d'au moins 3 m. de haut et tout aussi large, se remplit de fumée puis s'estompe au noir avant d'introduire le prochain système d'armes. Boom. BTR-3. Boom. S-300. Boom. BUK-MI.

Généralement, les vidéos promotionnelles lors de salons professionnels comme celui-ci suivent un plan. Ils représentent des véhicules roulant dans de verts pâturages ou sur des terrains incroyablement rocheux. Ils présentent une musique rock dramatique avec des crescendos et une ligne de basse entraînante. Ils comprennent des graphiques numériques qui expliquent au ralenti le fonctionnement de chaque partie d'une arme. Et lorsque les systèmes tirent, le spectateur ne voit jamais où atterrit l'artillerie.

Ils présentent rarement des armes comme celles exposées au parc des expositions de Paris-Nord Villepinte cette semaine, faisant exploser les véhicules déployés d'un autre pays.

Là encore, il est rare que les pays qui s'exhibent se défendent en temps de guerre.

Les responsables ukrainiens n'ont pas répondu à une demande d'interview pour discuter de leur stand au salon, pas plus que les dirigeants de Spetstechnoexport, l'entreprise publique responsable du stand et des importations militaires du pays.

Des représentants de Coges, les organisateurs de la conférence biennale Eurosatory, ont noté dans un e-mail que l'Ukraine avait confirmé sa participation au salon avant l'invasion russe fin février.

D'un côté du stand, le ministère a affiché des images de véhicules blindés incendiés et de chars russes sans chenilles. Chaque morceau de verre a été brisé, chaque surface du véhicule a été carbonisée.

L'emplacement du stand le rendait également difficile à ignorer.

À gauche, le voisin du ministère est Lockheed Martin, le plus grand entrepreneur de défense au monde, avec des panneaux publicitaires Javelin, son missile antichar utilisé depuis plus de 25 ans et particulièrement populaire en Ukraine.

À droite se trouvait Norinco, ou China North Industries Corporation, le fabricant d’armes étatique et un autre des plus grands entrepreneurs du monde.

Le ministère a laissé un livre de 24 pages de photos sur papier glacé pour les passants avec des images de l'obusier FH-70, du chasseur MiG-29, du drone Bayraktar TB2, du Stinger et, bien sûr, du Javelin. La couverture disait « Forces armées d'Ukraine. Ensemble pour gagner ! »

Le dernier paquet de la Maison Blanche pour soutenir l'Ukraine comprend plus de munitions pour les lance-roquettes multiplese à moyenne portée, des roquettes pour les systèmes de roquettes d'artillerie à haute mobilité M142, des obusiers M777, des munitions de 155 mm et des radios sécurisées.

Boom. La vidéo remplie de fumée. La foule suivante passa en traînant les pieds, puis s'arrêta pour regarder.

Mike Gruss est le rédacteur en chef de Sightline Media Gr

 Mike GRUSS
💻Defense News
17 juin 2022

📸 © Laure Fanjeau / ASAF

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