Depuis le 25 juin 2023, les Aviateurs de l'AAE sillonnent l'Indo-Pacifique. Ce jeudi 3 août, les derniers aéronefs engagés sur la mission PEGASE 23 ont atterri en France métropolitaine.

Le 25 juin, au départ de la base aérienne 125 d'Istres, 19 aéronefs étaient engagés sur la mission PEGASE 23. Les dix Rafale, cinq A330 MRTT Phénix et quatre A400M Atlas ont commencé le périple par une escale auprès des Forces françaises aux Émirats arabes unis. Après une remise en condition rapide des appareils avec l’aide des mécaniciens de l’escadron de chasse 1/7 « Provence », le dispositif s’est scindé en deux et, en moins de 30 heures, a simultanément rejoint Singapour et la Malaisie. « Nous avons rempli nos objectifs dans les temps impartis », expliquait le pilote du tanker à ce moment. L'occasion pour les Aviateurs et leurs homologues de participer à des vols conjoints permettant de renforcer leur interopérabilité et d'échanger leurs points de vue sur certains sujets (crises humanitaires, environnementales, sanitaires...). La phase 1 dite de projection à 11 000 km de la métropole touchait alors à sa fin. « Notre première volonté, c’était de montrer notre capacité à pouvoir rejoindre l’Indo-Pacifique avec des moyens similaires au déploiement d’un demi escadron de chasse, en plus du ravitaillement et du transport », explique le général Marc Le Bouil, chef de la mission.

Alors que les équipages des quatre Rafale, deux MRTT et deux A400M déployés en Malaisie rejoignaient la métropole, les Aviateurs présents à Singapour ont poursuivi leur chemin. Le 28 juin, 72 heures après le départ de France, ils ont atterri sur l'île de Guam, située à 18 000 km de la métropole. « C’est une sensation très particulière de faire partie du premier équipage qui pose les roues d’un Rafale sur cette base américaine », indiquait le commandant Clément, navigateur officier systèmes d’armes (NOSA) à l’escadron de chasse 1/4 « Gascogne ». Jusqu'au 24 juillet, les Aviateurs ont pris part à un continuum d'exercices regroupant de nombreux alliés et partenaires : USA, Australie, Japon, Royaume-Uni, Nouvelle-Zélande, Canada... L'objectif était triple : partage de savoir-faire, renfort de l’interopérabilité et préparation opérationnelle des forces françaises. Cette deuxième phase a aussi été l'occasion pour l'armée de l'Air et de l'Espace de tester son concept de déploiement agile, appelé MORANE (adaptation de l’Agile Combat Employment utilisé par les USA). « Concept de déploiement qui se veut le plus agile possible », MORANE a pu être éprouvé à plus de 1 300 km de Guam, à Palau. Sur cette petite île sauvage, un détachement de trois Rafale et 80 Aviateurs a été déployé durant une dizaine de jours. Ils étaient aux côtés des F-35 américains afin de travailler la fighter integration (coopération entre avions de 4 et 5e génération). Proches de certains territoires ultramarins, les tankers et transporteurs ont aussi été déployés au profit des Forces armées de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française. « C’est à la fois un privilège et un challenge d’être capable d’amener des avions au bout du monde et au plus près des outre-mer », livrait le commandant Clément, NOSA, lors de son déploiement à Palau.

Dès le 24 juillet, la phase 3 de PEGASE 23 a débuté. « Nous nous sommes redéployés sur trois points géographiques distincts : la Nouvelle-Calédonie, la Corée du Sud et l'Indonésie », explique le colonel Franck, directeur de l’exercice. En Nouvelle-Calédonie, deux Rafale ont eu le privilège d'escorter l'avion présidentiel lors de la visite officielle d'Emmanuel Macron. Les chasseurs, accompagnés d'un MRTT, ont ensuite rejoint l'Indonésie puis les Émirats arabes unis avant d'atterrir en France le 2 août. En parallèle, les Aviateurs de la "petite boucle" ont fait un aller direct Guam - Indonésie. Ils y sont restés jusqu'au 28 juillet avant de rejoindre Djibouti puis la France le 30 juillet. Enfin, les Aviateurs déployés en Corée du Sud ont rejoint le Japon, puis l'Indonésie avant d'aller au Qatar. L’escale au Qatar a marqué la dernière étape de la mission PEGASE 23. Au départ de l’Indonésie et après 7 000 km parcourus, deux Rafale, un A400M et un MRTT ont atterri au Moyen Orient le 1er août. Durant le convoyage, le dispositif a été rejoint par un second tanker français déployé aux Émirats arabes unis, venu en soutien des chasseurs de PEGASE 23. Sous un soleil de plomb, les équipages des Rafale et MRTT ont pu prendre part à un vol d’entraînement avec leurs homologues de la Qatar Emiri Air Force, partenaire stratégique de la France. Cette escale valorisée a été une riche opportunité pour les Aviateurs d’échanger sur leur flotte chasse jumelle, noyau dur de la coopération aéronautique et opérationnelle entre ces armées. Ces différentes escales valorisées ont permis de renforcer les partenariats avec les nations et l’interopérabilité des forces au gré des vols conjoints, expositions statiques, visites d'autorités, tables rondes, avant un retour en France le 3 août.

« Le défi de PEGASE 23 était de démontrer la crédibilité, la fiabilité et la capacité à opérer loin de la métropole, explique le chef de mission. Nous avons la capacité de nous déployer dans le Pacifique, pour à la fois interagir avec les outre-mer, mais aussi développer les partenariats et l’interopérabilité avec les pays de la région. » La projection a duré 40 jours. Au bilan, les Rafale comptabilisent 170 sorties, soit près de 500 heures de vol, les A400M Atlas 80 sorties soit 440 heures de vol et les A330 MRTT Phenix 170 sorties, soit 290 heures de vol.

"PEGASE 23 – Fin de l’aventure pour les aviateurs déployés")
Armée de l’Air et de l’Espace
07/08/2023