Les points d’attention du général Bosser, CEMAT

Posté le lundi 01 juillet 2019
Les points d’attention du général Bosser, CEMAT

Extrait de l’audition du général Jean-Pierre Bosser
chef d’état-major de l’armée de Terre
devant la Commission de la Défense nationale et des forces armées
(5 juin 2019)

 

Le premier point d’attention concerne le moral.

Celui-ci est bon, légèrement à la hausse, mais je considère qu’il demeure fragile. L’armée de terre est le reflet de la société. Elle n’est pas immunisée contre ses fragilités et ses maux. Toutes les tables rondes auxquelles je participe me le confirment : il y a de nombreuses préoccupations. Il y a des préoccupations liées au pouvoir d’achat. Les rémunérations et leur faible évolution sont problématiques, dans un contexte de pression fiscale et d’augmentation du coût du logement. Cette pression est renforcée par le coût de la mobilité. Je me réjouis que MM. Lainé et Furst abordent ce sujet à travers leur mission d’information sur la politique immobilière du ministère car c’est une préoccupation de premier ordre qui est grandissante.

Il y a aussi des attentes fortes quant à la concrétisation de la LPM. L’objectif d’un effort de défense porté à 2 % du PIB en 2025, l’annonce d’une LPM « à hauteur d’homme » ont fait naître, chez les soldats, de fortes attentes qu’il ne faut pas décevoir, notamment en matière d’habillement ou d’équipements individuels. Concernant le plan Famille, engagé par Madame la ministre, et dont l’armée de Terre a été l’un des principaux contributeurs, il est globalement positif. Notre ambition est maintenant que chaque unité de l’armée de Terre puisse porter un projet fédérateur en 2019 et le concrétiser dans sa garnison. Nous devons être très attentifs à ces sujets et donner des repères, dissiper au maximum les incertitudes.

 

Le deuxième point d’attention est la lutte contre le détournement de nos ressources.

 

Ce sont des mots qui sont peut-être un peu forts. Mais il y a eu jusqu’à l’année dernière une tentation récurrente d’employer nos soldats comme force d’appoint des forces de sécurité intérieures, ce qui n’est pas leur vocation. Je le rappelle, nos soldats ne sont ni équipés, ni entraînés, ni commandés pour remplir des missions de maintien de l’ordre. Nous avons veillé à ce que notre singularité militaire soit préservée.

Nous sommes aussi très attentifs à la façon dont le service national universel (SNU) se met en place. Cette année, la contribution des armées à la mission de préfiguration du SNU a été décisive pour la réussite de cette première étape, avec la conception et la conduite du stage de formateurs de formateurs à Brétigny et aux écoles de Coëtquidan, il y a quinze jours. Nous en sommes fiers d’ailleurs ! Mais l’investissement pour la préfiguration du SNU ne peut être représentatif de ce que pourra soutenir l’armée de terre dans un dispositif qui concernera plus de 700 000 jeunes. Si nous devions être sollicités en 2020 pour 40 000 jeunes à la même hauteur que ce que nous faisons cette année pour la préfiguration (2 000 jeunes), cela aurait des conséquences majeures sur notre propre capacité de formation et sur notre capacité à remplir notre contrat opérationnel. Le SNU doit s’orienter vers une certaine autonomie avec, à terme, une administration dédiée et un budget spécifique, conformément à ce qui a été décidé initialement.

Rediffusé sur le site de l'ASAF : www.asafrance.fr

 

Source : www.asafrance.fr