MARINE NATIONALE : La marine russe aux premières loges des essais du « Suffren »

Posté le samedi 09 mai 2020
MARINE NATIONALE : La marine russe aux premières loges des essais du « Suffren »

Ils étaient revenus le 16 avril en Manche.

Le Akademik­Pashin, un pétrolier ravitailleur militaire, et le Borki, une petite corvette. La présence au large de Cherbourg, pendant dix jours, de ces bateaux de guerre russes a été révélée par le journal La Manche libre, le 28 avril. Et le 30, dans un communiqué, la Royal Navy britannique a annoncé avoir « traqué » la flottille dans le Channel alors qu’elle repartait en direction du nord.
« Le HMS Mersey, patrouilleur océanique, était en mission de routine dans les eaux nationales quand il a été appelé pour localiser et surveiller un bateau russe et son navire de soutien ». Le Mersey a « pris le relais de la marine française », précise­t­on alors. Les deux alliés coordonnent souvent leurs actions en Manche et en mer du Nord, zone maritime la plus fréquentée du monde.

 

Pour le site britannique spécialisé Naval News, il ne fait pas de doute que les deux bâtiments russes maraudant devant Cherbourg – sans entrer dans les eaux françaises – avaient un but : se renseigner sur les essais du tout nouveau sous­marin nucléaire d’attaque français, le Suffren. Le 27 avril, il est sorti des bassins industriels de Cherbourg pour sa première plongée en mer, dévoilant sa silhouette. « Une étape en apparence modeste, mais très attendue pour un premier de série », a tweeté deux jours plus tard l’amiral Christophe Prazuck, chef d’état-major de la Marine nationale.

 

Le Akademik­Pashin fait aussi partie des bâtiments neufs de la marine russe, relève Naval News. « Sa deuxième fonction, la collecte de renseignement, n’est pas confirmée » – la présence d’équipements éventuels n’a pas été documentée. D’évidence, rappelle toutefois le site, « tous les navires ont la possibilité de faire du renseignement s’ils sont au bon endroit au bon moment ». Fin mars, le ravitailleur était déjà en baie de Seine, au mouillage juste derrière la ligne des eaux territoriales françaises. Il s’agit d’une position que la marine russe fréquente régulièrement devant Saint­Vaast, mais le bateau se tenait auprès du Yantar, un autre russe autrement plus redoutable. De retour des côtes américaines, ce navire de « recherche océanographique » est un authentique espion capable d’écouter les câbles sous­marins. « Il n’y a pas de corrélation entre les activités russes et les essais du Suffren », assure Eric Lavault, porte-parole de la Marine. L’officier rappelle que la présence militaire russe est très soutenue, depuis plusieurs années, aux abords de l’Europe. Les marines de guerre ne perdent jamais une occasion d’en apprendre sur leurs adversaires et leurs alliés. Mais ces mouvements s’inscrivent d’abord dans la confrontation Russie­OTAN. Tandis que la Russie faisait voler des bombardiers stratégiques et croiser ses navires dans la région, les Etats­Unis annonçaient, le 4 mai, l’entrée de leur VIe  flotte en mer de Barents, pour la première fois depuis la guerre froide, en vue d’un exercice arctique mené avec Londres.

 

Nathalie GUIBERT 
Le Monde



Rediffusé sur le site de l'ASAF : www.asafrance.fr

Source : www.asafrance.fr