MÉMOIRE : Les tirailleurs sénégalais

Posté le samedi 14 janvier 2023
MÉMOIRE : Les tirailleurs sénégalais

Tirailleurs : Reconnaître leur sacrifice et poursuivre le travail de mémoire

 

Depuis la création d’un corps de tirailleurs sénégalais en 1857 jusqu’à la disparition des troupes coloniales en 1958, des soldats africains ont combattu pour la France sur de nombreux champs de bataille. Retour sur leur histoire et l’évolution de la reconnaissance de l’État envers leur sacrifice.

 

 

Qui étaient ces soldats venus d’Afrique ?

 

Le corps des tirailleurs sénégalais est créé en 1857 par décret de Napoléon III. Le terme « sénégalais » désigne toutes les troupes venant d’Afrique Équatoriale et d’Afrique de l’Ouest qui ont rejoint les rangs de l’armée coloniale pour défendre le drapeau tricolore. La collaboration des chefs locaux, des mesures coercitives mais aussi l’assurance d’un salaire régulier et la prime d’engagement attirent de nombreux volontaires dans des régions parfois menacées par la famine.

Le recrutement est sélectif et l’entrainement militaire important, ce qui dote les recrues de véritables compétences en matière de combat. Même si elles sont très rares, des promotions aux grades d’officiers ont lieu. Ainsi, Mamadou Racine devient le premier capitaine noir de l’armée coloniale en 1883.

La Grande guerre marque un tournant dans l’emploi des troupes coloniales. Suite aux revers que connait l’armée française en 1914, les tirailleurs africains sont envoyés combattre sur le front européen pour prêter main forte aux soldats sur place. Le recrutement des tirailleurs s’intensifie entrainant de nombreuses résistances dans les colonies. À la fin de la guerre, sur les 200 000 combattants envoyés sur le front européen, 30 000 ne sont pas revenus. Ce taux de perte tragique se retrouve également dans les autres régiments d’infanterie de l’armée française.

 

Des monuments en souvenir de leur bravoure et de leur sacrifice

 

Les faits d’armes des tirailleurs forcent l’admiration de la population française, comme à Reims où les habitants ont financé le Monument aux héros de l’Armée noire. Cet hommage aux troupes coloniales évoque leur défense héroïque de la ville en 1918 contre les assauts de l’armée allemande.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, l’armée française fera de nouveau appel massivement aux troupes coloniales pour défendre le territoire français. Les tirailleurs sénégalais jouent un rôle fondamental dans la libération de la France en 1944, qu’ils paieront parfois de leur vie. Les nazis n’hésitent pas à calomnier ces troupes, allant même jusqu’à fusiller les soldats africains faits prisonniers. Le 19 juin 1940, plus d’une centaine de tirailleurs sont massacrés par les nazis. Une nécropole en forme de Tata traditionnel a été construite à Chasselay pour que leurs dépouilles y reposent. « La France a une part d'Afrique en elle et sur ce sol de Provence, cette part fut celle du sang versé » déclare le président Macron en 2019 en hommage à ces combattants du débarquement de Provence du 15 août 1944. Diasso Kal Boutie et Maboulkede, tirailleurs sénégalais morts pour la France, reposent ainsi dans la crypte du Mont Valérien, haut lieu de mémoire des combattants de la Seconde guerre mondiale.

Les troupes coloniales disparaissent en 1958 avec l’indépendance des États africains. La démobilisation difficile des tirailleurs, les inégalités de soldes et les retards administratifs ont laissé place à une certaine frustration dans les relations franco-africaines.

 

Cultiver une mémoire collective

 

Depuis, la France s’attache à reconnaître les sacrifices des combattants africains. En 2006, le président Chirac annonce la décristallisation complète des pensions des anciens tirailleurs. Il s’agit de reconnaitre le rôle joué par les soldats colonisés dans la libération de l’Europe. Plus tard, le président Macron et son homologue malien Ibrahim Boubacar Keïta ont souhaité mettre fin à un tort historique, le Monument aux héros de l’Armée noire de Reims ayant été détruit par l’armée allemande en 1940. Ainsi, deux copies de ce monument ont été inaugurées en 2018, l’une à Reims et l’autre à Bamako, liant les deux villes par le souvenir du courage des tirailleurs.

Le ministère des Armées participe à ce travail de mémoire en finançant notamment la recherche historique à travers la coédition d'ouvrages récents de Claire Miot ou d'Anthony Guyon. Exceptionnellement, l’obligation de résider 6 mois en France pour percevoir le minimum vieillesse a été levée afin que ces anciens combattants puissent finir leurs jours dans leur pays. Pour la secrétaire d’État Patricia Miralles, « la reconnaissance est un travail continu. » Afin d’inscrire de manière permanente le sacrifice de ces combattants dans la mémoire nationale, le ministère a fourni aux maires la biographie d’une centaine de combattants pour baptiser des rues de France du nom de ces héros.

 

Ministère des Armées
13/01/2023

 Source photo : Ministère des Armées

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Source : www.asafrance.fr