BARKHANE: Retrait des troupes françaises de Kidal

Posté le vendredi 15 octobre 2021
BARKHANE: Retrait des troupes françaises de Kidal

Stéphanie ANTOINE

Pascal IANNI, porte-parole de l’Etat-major des Armées, bonsoir. Merci beaucoup d’être avec nous. Comment s’est passée cette première étape ?   

Colonel Pascal IANNI

Très bien. En fait, le transfert de la base de Kidal a débuté hier matin avec le départ d’un convoi logistique. Ce transfert va s’étaler encore sur une dizaine de jours pour régler des formalités administratives et logistiques. Ce transfert est conduit en étroite coordination avec les Forces armées maliennes et avec les forces de la Minusma, les unités de la Minusma qui sont présentes à Kidal, qui sont assez nombreuses, puisqu’il y a plus de 1 300 soldats de la Minusma qui sont déployés à Kidal, des bataillons tchadiens et guinéens et plus de 400 soldats maliens. Donc, Kidal n’est pas vide, Kidal…

Stéphanie ANTOINE

Il y a un détachement de Barkhane qui va rester sur place.

Colonel Pascal IANNI

Un détachement de liaison, oui, qui aura pour mission de régler les dernières formalités administratives et logistiques et qui pourra coordonner des missions de réassurance et d'appui au profit des forces partenaires, ce qui d'ailleurs constitue un des piliers de la réorganisation du futur dispositif dans la bande sahélienne, puisque la France va conserver un dispositif militaire extrêmement robuste et significatif, 2 500 à 3 000 hommes…

Stéphanie ANTOINE

Voilà, 2 500 à 3 000 hommes, plutôt que 5 000 aujourd’hui. Justement, cette réorganisation, en fait, quelle est vraiment la stratégie française ? Est-ce que c’est d’abord de se replier vers la zone des trois frontières, Mali, Niger et Burkina Faso ?

Colonel Pascal IANNI

La stratégie militaire qui est mise en œuvre par les Armées, sur décision du Président de la République, elle s’appuie sur deux grands axes que sont la lutte contre les groupes armés terroristes, qui restera une priorité absolue et dans laquelle on remporte de vrais succès militaires, comme on l’a vu au cours des dernières semaines et le partenariat, le partenariat militaire de combat avec nos alliés sahéliens. Ce partenariat se fonde également sur des contributions de plus en plus significatives de pays européens, je pense notamment à Takuba, la Force Takuba, dont la vocation est d’accompagner les unités maliennes au combat, dans le Liptako-Gourma, donc dans la zone des trois frontières et qui obtient de très bons résultats opérationnels.

Stéphanie ANTOINE

Elle obtient vraiment de très bons résultats au niveau opérationnel, la Force Takuba, elle est prête, elle pourrait remplacer justement ces troupes françaises, cette Force Takuba aujourd’hui ou est-ce qu’elle est sur le point de, est-ce que c’est un processus, cette Force Takuba ?

Colonel Pascal IANNI

Non, cette Force Takuba, aujourd’hui et depuis plusieurs mois, elle remplit de vraies missions. Elle remplit des missions dans le Gourma malien, dans le Liptako. Elle remplit des missions au cours desquelles elle accompagne des unités de combat maliennes, qui reprennent le contrôle de cette région qui est située dans la zone des trois frontières, où évoluait essentiellement l’EIGS, l’Etat islamique au Grand Sahara. Cette Force Takuba continue à se renforcer, puisqu’on a de nouvelles contributions qui arrivent, les Italiens se déploient avec des hélicoptères pour assurer l’évacuation médicale des hélicoptères d’attaque. On a un contingent danois qui arrive avant la fin de l’année ou début 2022 avec plus de 100 forces spéciales. On a des contributions…

Stéphanie ANTOINE

C’est combien de soldats aujourd’hui, cette Force ?

Colonel Pascal IANNI

Aujourd’hui, Takuba, c’est entre 600 et 700 militaires européens, qui sont en mesure d’accompagner de l’ordre d’un millier de militaires maliens.

Stéphanie ANTOINE

Donc, ça ne remplace pas les 2 000, les 2 000 soldats français.

Colonel Pascal IANNI

Mais la logique de Takuba n’est pas de remplacer nombre pour nombre, ce n’est pas du tout la même philosophie. La philosophie de Takuba, c’est de démultiplier les effets, avec un groupe de 50 forces spéciales européennes, vous accompagnez 100 à 150 Maliens, c’est ça qui fonctionne. C’est ce que je signalais, c’est que l’un des piliers de notre stratégie à venir dans le Sahel, c’est le partenariat militaire de combat, en particulier avec les forces maliennes et les forces nigériennes, c’est-à-dire que nous voulons combattre les groupes armés terroristes avec eux et en étant à leurs côtés en permanence.

Stéphanie ANTOINE

Quel bilan vous faites, vous, justement, de cette lutte contre le terrorisme depuis que la France est installée là-bas ?

Colonel Pascal IANNI

Je pense qu’on peut faire un bilan assez simple, c’est celui qui a été, c’est ce qui a été décidé, le bilan de ce qui a été décidé en janvier 2020, lors du Sommet de Pau, au cours duquel le Président MACRON, en coordination avec les pays du G5 Sahel, a décidé de porter un effort contre l’Etat islamique au Grand Sahara, qui menait des attaques d’envergure contre les forces maliennes et les forces nigériennes. Aujourd’hui, l’Etat islamique au Grand Sahara est fortement impacté, fortement neutralisé et n’est plus en mesure de mener ces attaques contre les forces militaires ou contre les populations. Ça, c’est un vrai bilan, un vrai succès militaire.

Stéphanie ANTOINE

Ça, c’est un succès…

Colonel Pascal IANNI

C’est un succès militaire.

Stéphanie ANTOINE

A côté de ça, il y a plusieurs échecs, on voit bien que le terrorisme vraiment sévit un peu partout au Mali, y compris au centre du pays aujourd’hui.

Colonel Pascal IANNI

Oui, la bande sahélo-sahélienne, c’est la surface de l’Europe. Avec 5 000 soldats français et des soldats de la Minusma ou des soldats de la mission EUTM qui fait de l’entrainement, on ne peut pas tenir un territoire comme l’Europe. La clé de ce problème n’est pas militaire, c’est d’abord un sujet politique et c’est d’abord un sujet social.

               …….

Extrait de l’interview du Colonel Pascal IANNI
porte-parole Etat-major des Armées
Source : FRANCE 24 - Paris Direct
Date : 13/10/2021

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Source : www.asafrance.fr