Paul KAGAME, présent à Biarritz

Posté le mercredi 11 septembre 2019
Paul KAGAME, présent à Biarritz

Le vrai scandale du G7 de Biarritz est la présence de Paul Kagamé, président du Rwanda


Le vrai scandale de sommet du G7 de Biarritz est qu’on y ait invité Paul Kagame, président du Rwanda, le chef d’Etat qui a aujourd’hui sur la planète le plus de sang sur les mains.

Pour parler de la lutte contre les inégalités dans le monde, il fallait quelques Africains : comme ancien président de l’OUA, Kagamé a figuré parmi les élus admis à côtoyer les grands de ce monde. Macron qui n’a jamais caché sa sympathie pour ce personnage, semble avoir été à l’origine de cette invitation mais les six autres chefs d’Etat ont accepté qu’il soit là.
 
Est-il utile de rappeler les faits amplement documentés par de grands journalistes comme Pierre Péan que nous venons de perdre ou la canadienne Judi Rever et ne contestent que quelques naïfs victimes de la propagande de Kagame ? L’ethnie tutsi (8 % de la population au départ), chassée en 1960 du pouvoir qu’elle détenait depuis le Moyen Age par la règle démocratique au bénéfice de la majorité hutu (89 %), tente de le reprendre, sous la conduite de Kagamé à la tête d’une armée d’émigrés qui envahit le pays en 1990. Massacrant à tour de bras le Hutus, elle s’approche de la capitale en 1994 au moment où le président hutu du Rwanda (et celui du Burundi voisin), est victime d’un attentat contre son avion le 6 avril, dont personne de sérieux ne doute aujourd’hui qu’il ait été organisé par Kagamé lui-même. Affolés, les Hutus se mettent à massacrer à tour de bras plusieurs centaines de milliers de Tutsis non émigrés (ce que Kagame avait certainement prévu, ce massacre lui permettant de légitimer sa prise de pouvoir minoritaire aux yeux d’une opinion mondiale qui n’a pas marché, mais couru). Arrivé au pouvoir Kagamé a entrepris en 1997 une chasse aux Hutus réfugiés au Congo voisin qui a fait, elle, plusieurs millions de victimes, hutus ou congolais. Le nouveau Prix Nobel de la paix, le Dr Denis Mukwege, congolais, qui soignait les femmes victimes de la soldatesque de Kagamé, a rappelé récemment ces faits.
 
Kagame a pourtant réussi à imposer au monde une version tronquée qui ne retient que le massacre des Tutsis et occulte celui des Hutus qui a fait environ dix fois plus de victimes.   
C’est pourquoi on peut dire que Kagamé a tué au total plus de gens que Pol Pot. Inviter Pol Pot à un sommet du G7 en 1977 n’aurait pas été plus scandaleux que d’inviter Kagamé à Biarritz. Que Kagamé soit néanmoins reçu partout comme un homme honorable jette un éclairage singulier sur notre temps, de plus en plus orwellien.
Le plus cocasse est que la philosophie inavouée mais évidente de Kagamé est qu’une ethnie minoritaire, les Tutsis, qui se tient pour une élite plus intelligente que les autres, a le droit de gouverner une majorité jugée plus bornée, les Hutus, quitte à massacrer plusieurs millions d’entre eux et à manipuler l’opinion mondiale pour y parvenir. Aujourd’hui, cette minorité ne se maintient que par la terreur. Est-ce en raison de cet élitisme que le monde anglo-saxon dans son ensemble a soutenu Kagamé alors que la France de Mitterrand, égalitaire, appuyait la majorité hutu - mais pas assez pour arrêter Kagamé ? Il faudrait le demander à Emmanuel Todd.
 

D’un élitisme à l’autre 

La présence de Kagamé à un sommet comme le G7 n’est pourtant pas autant qu’on pourrait le croire une incongruité : elle est cohérente avec le caractère mondialiste du sommet : sauf Trump, les autres participants, Macron en tête, sont partisans de la mondialisation, dont l’aboutissement est à terme, par un effet de vases communicants, d’aligner la richesse des riches de tous les pays sur celle des plus riches du monde et la pauvreté des pauvres de tous les pays, Européens en tête, sur celle des plus pauvres du monde, bref d’accroitre massivement les inégalités : dans univers ouvert aux quatre vents, les forts se débrouilleront toujours mieux que les faibles.
 
Cette conception darwinienne (ou nietzschéenne comme on voudra) est à peine dissimulée dans les sommets des officines qui prétendent régir le nouveau monde : Trilatérale, Bilderberg, dont le président français est le poulain.
Elle  n’est pas dissimulée du tout par un ami de Macron, conférencier à Polytechnique (1), qui affirme tout de go que les Gilets jaunes représentent la classe moyenne inférieure et les gens du peuple en voie de déclassement que l’intelligence artificielle et l’amélioration de l’humanité par le transhumanisme rendront, selon lui, bientôt inutiles. La révolte des Gilets jaunes, présents aux portes de Biarritz, est selon lui la réaction désespérée de gens peu intelligents (on voit que ce monsieur qui croit l’être n’est jamais allé discuter avec eux sur les ronds-points !), aux abois, que la mondialisation va inéluctablement réduire à la misère : "Dans un capitalisme de la connaissance, les gens malins ont plus de pouvoir et de revenu que les gens moins malins".
 
Comme toute idéologie est menteuse, le mondialisme inclus, le communiqué emphatique de l’Elysée place cette rencontre sous le signe de l’article 1 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen "les homme naissent et demeurent libres et égaux en droits", exactement le contraire de ce que pensent les dirigeants réunis à Biarritz et naturellement leur invité vedette Kagamé.

 

Roland HUREAUX
Magistro
2 septembre 2019


(1) https://www.youtube.com/watch?v=kyLysKUMyyU
Envoyé par l'auteur, paru sur roland.hureaux.over-blog.com, 23 août 2019



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