PERSONNEL MILITAIRE. La ministre des armées fixe l’objectif de 10 % de femmes généraux en 2022

Posté le lundi 20 juillet 2020
PERSONNEL MILITAIRE. La ministre des armées fixe l’objectif de  10 % de femmes généraux en 2022

Un an après le lancement du plan « mixité », la ministre des Armées, Florence Parly, travaille à faire croître le « vivier » des officiers généraux de demain.

Le 24 juillet prochain, la ministre des Armées, Florence ­Parly, se déplacera sur la base de Salon-de-Provence pour une bonne raison : une femme, le général Dominique Arbiol, va en prendre le commandement. Elle a aussi été nommée directrice de la prestigieuse école de l’Air qui s’y trouve. « Cette nomination participe au travail sur la représentation » des femmes au sein de l’armée, commente l’entourage de la ministre tout en insistant sur les qualités professionnelles du général, qui lui ont valu cette désignation. « Il faut donner aux jeunes femmes officiers l’idée qu’accéder à de hautes responsabilités est possible », précise-t-on.

La mixité des armées est un enjeu clé pour Florence Parly. La ministre est donc attentive à ces nominations fortes en symbole. « Mais, pour le faire, il faut un vivier, estime-t-elle. Il faut mettre une pression infernale. » Car, selon elle, « ce sont les petits renoncements d’aujourd’hui qui feront l’absence de choix pour mes successeurs ». Surtout, « l’armée ne peut se priver des talents de 50 % de l’humanité », a-t-elle martelé dans les colonnes de Libération en proposant de « créer des conditions d’accueil propices [aux femmes], qui passent par un principe de base non négociable : tolérance zéro sur le harcèlement de toute nature ».

Il faut des décennies pour former un général et, aujourd’hui, les candidates sont rares. Mais l’objectif de 10 % de femmes généraux en 2022 semble à portée de main. De 7,5 % en 2018, le taux est passé à 9 % au 1er janvier 2020. Le chiffre recouvre cependant des réalités extrêmement différentes qui correspondent aux contraintes de chaque corps : deux femmes généraux sur 169 dans l’armée de Terre, 1 sur 59 dans la Marine, 3 sur 72 dans l’armée de l’Air, mais 6 sur 29 au Commissariat des armées, 20 sur 115 à la Direction générale de l’armement et 12 sur 45 au sein du Service de santé des armées (SSA). Les femmes sont surreprésentées dans les missions moins exposées, ou bien d’encadrement.

L’armée française est déjà la quatrième plus féminisée du monde. Mais, compte tenu de ses besoins de recrutement, elle redouble d’effort pour toucher le public féminin. Le plan mixité de Florence Parly a été lancé il y a un an. Pour attirer les jeunes filles et les faire rester, le ministère mise sur des mesures concrètes : présence de femmes dans les centres de recrutement, dans les jurys d’admission, mise en place de mentorat et de référents mixité (1 200 aujourd’hui). Pour faciliter l’accès à l’École de guerre, passage obligé pour accéder aux responsabilités, la limite d’âge de 41 ans va être supprimée. Trop de trentenaires renonçaient au concours pour ne pas sacrifier leur vie personnelle et offrir du temps à leurs enfants. Celles-ci sont encore peu nombreuses dans les promotions : 13,2 % pour la Marine, 9,1 % pour l’armée de l’Air. L’armée de Terre a montré le plus de volontarisme depuis cinq  ans : de 2 femmes en 2015 (soit 2,5 % de la promotion), ­elles sont passées à 7 en 2019 (8,8 %). La progression reste lente. Mais ­l’armée de Terre, la plus volumineuse en personnels, n’est pas non plus la plus propice à la féminisation, compte tenu de la dimension physique de ses missions.

Au sein des écoles militaires, les déséquilibres initiaux sont aussi visibles avec de grandes variations d’une année sur l’autre : environ 10 % de femmes en moyenne à Saint-Cyr depuis dix ans (mais 6,4 % en 2019), moins de 10 % à l’école navale (15,2 % en 2019), un peu plus de 20 % à l’école de l’Air (27,5 % en 2019), la parité au Commissariat des armées et une majorité de femmes pour les écoles de la santé (57,3 % en 2019).

Le SSA est globalement le plus féminisé des services, avec 60 % de femmes. « On s’en enorgueillit par propagande », s’agace un haut gradé. Mais le déséquilibre est venu amplifier les difficultés d’un corps sous tension, estime-t-il. « La féminisation pose une contrainte de gestion : les femmes ne sont pas aussi projetables en opération. La charge repose sur d’autres », argumente-t-il. « La question est réelle et, au-delà, elle pose celle de la conciliation entre vie privée et vie professionnelle », répond-on au ministère. « Les attentes des hommes et des femmes se rapprochent en la matière. C’est vers 35 ans que les officiers sont les plus employables et les plus projetables. Mais c’est aussi à ce moment de leur vie qu’eux-mêmes ont envie de prendre du temps pour leur famille », constate-t-on. Le problème n’est pas sans solution. « Les militaires savent pourquoi ils se sont engagés. Ce qu’ils demandent, c’est de la prévisibilité », dit-on, en prônant une meilleure planification des missions. Dans la Marine, « les bâtiments à double équipage permettent aux marins de connaître 6, 8, voire 12 mois à l’avance leur rythme de projection ».

Au ministère, on n’envisage évidemment pas de fixer les mêmes objectifs à chaque armée, qui est confrontée à ses propres contraintes.

Aujourd’hui, 8 % des militaires déployés en opération extérieure sont des femmes. Le ministère en compte dans son ensemble 15,5 %, soit environ 32 000.

Nicolas Barotte
Le Figaro - lundi 20 juillet 2020

 

Avis du président de l’ASAF

Les Armées doivent avoir pour première préoccupation, non d’atteindre un quota de femmes dans leurs rangs, mais de disposer des meilleures unités et équipages, prêts à être engagés en tout lieu, tout temps et toute circonstance.
La notion de parité est secondaire et semble procéder d’abord d’une vision idéologique. 

A cet égard, l’ASAF vient de lancer le premier clip de 5’ d’une série « Héroïques ».
Ce sont les portraits de héros d’hier et d’aujourd’hui.
Le premier de la série est consacré à l’engagement de Valérie ANDRE en Indochine comme médecin/chirurgien et pilote d’hélicoptère. C’est sa seule valeur personnelle, notamment dans les combats, qui en a fait une héroïne.
Sa disponibilité totale, sa valeur professionnelle remarquable, son esprit de camaraderie et son sens absolu du service en ont fait un officier unanimement reconnu. C’est qui lui a valu de devenir la première femme à recevoir ses étoiles de général.
Elle est plus que jamais un exemple à suivre.   

Pour visionner la vidéo "Héros français d’hier et d’aujourd’hui : Le médecin capitaine Valérie ANDRE", cliquez ICI


Henri PINARD LEGRY

Diffusé sur le site de l'ASAF : www.asafrance.fr

Source : www.asafrance.fr