NUCLEAIRE : Sécurité et non prolifération

Posté le lundi 05 août 2019
NUCLEAIRE : Sécurité et non prolifération

 

Extrait d’audition
devant la Commission de la Défense
de l’Assemblée nationale
de monsieur François Geleznikoff,
directeur des applications militaires
du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies nouvelles (CEA/DAM)

Sécurité et non prolifération

(…)


S’agissant de la sécurité et de la non-prolifération, notre pays lutte contre la prolifération des armes nucléaires et le terrorisme nucléaire. C’est le pendant de la dissuasion nucléaire.

Dans le domaine de la prolifération, le travail consiste à surveiller ce qui se passe de par le monde et en particulier les essais nucléaires pouvant être effectués par les pays que nous ne souhaitons pas voir actifs en la matière. Cette surveillance repose sur un réseau international mis en place par l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE), auquel nous participons à hauteur de 24 stations réalisées sur les 321 du système global de surveillance, sur lesquelles 23 ont déjà été mises en service ; la dernière devant être terminée à la fin de cette année. La France sera ainsi le premier pays doté d’armes nucléaires à avoir rempli ses obligations vis-à-vis de l’OTICE.

Le deuxième domaine est celui de la surveillance des États.
Le ministère des Armées fixe les priorités ; elles sont tous azimuts, mais deux pays figurent parmi elles, au premier rang desquelles la Corée du Nord, dont il faut s’assurer qu’elle ne se livre plus à des essais nucléaires, mais encore surveiller ses activités en matière de production de matières nucléaires leur permettant éventuellement de fabriquer des armes. Le second de ces pays est l’Iran, dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, ou Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA), que la France a adopté avec plusieurs pays européens, la Russie et la Chine. Il s’agit de vérifier le respect de cet accord.

Outre le réseau de surveillance des essais, deux outils nous permettent d’effectuer cette surveillance.
D’abord, nous recourons à la voie satellitaire grâce aux capacités à très grande précision que notre pays a développées.
Ensuite, nous procédons à une analyse des plus fines des échantillons pouvant être recueillis, par exemple par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Nous atteignons dans ce domaine un degré de précision extrême, cela même lorsque les zones ouvertes à l’accès de l’AIEA ont été très nettoyées. Nous parvenons également à déterminer si ces particules ont été traitées par l’homme, et éventuellement dans quelle région ; il est donc particulièrement difficile d’échapper à cette surveillance. Ainsi, dans le domaine de la lutte contre la prolifération, apportons-nous nos compétences à nos autorités politiques ainsi qu’aux autorités internationales.

De son côté, la lutte contre le terrorisme, nucléaire ou non, consiste à disposer de la capacité d’analyser tout colis présent sur le territoire national, et à définir les moyens de le neutraliser et d’empêcher qu’il produise, le cas échéant, de l’énergie nucléaire. Ce travail est conduit conjointement par la DAM et le ministère de l’Intérieur, sous l’égide du SGDSN. Dans ce cadre, il nous a été demandé d’accroître les capacités d’intervention pour les grands évènements nationaux (sportifs ou autres). S’agissant de la défense conventionnelle, nous travaillons au profit de la DGA et des forces armées à évaluer les capacités directes ainsi que les effets collatéraux de toute munition susceptible d’être utilisée. L’objectif est de fournir aux forces amenées à intervenir le meilleur outil d’évaluation dès lors qu’elles ont à employer ces munitions, et aux autorités les moyens de prendre la meilleure décision. Ce travail sur les armements conventionnels est comparable à celui que nous effectuons dans le domaine de la simulation pour des armements nucléaires ou dans différents domaines de physique, ce qui permet de bénéficier de la dualité nucléaire/conventionnel.

 

Rediffusé sur le site de l'ASAF : www.asafrance.fr

 

Pour télécharger le dossier sur "la force de dissuasion nucléaire" réalisé par l'ASAF regroupant des auditions de la Commission de Défense de l'Assemblée nationale, cliquez sur le PDF ci-dessous.
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Source : www.asafrance.fr