SSA. Soutien des hôpitaux de Gaza : Bilan des deux mois d'engagement

Posté le jeudi 01 février 2024
SSA. Soutien des hôpitaux de Gaza : Bilan des deux mois d'engagement

Soutien des hôpitaux de Gaza : « Nous avons monté une capacité assez extraordinaire »


Après deux mois de mission en Égypte pour soutenir les hôpitaux de Gaza, le porte-hélicoptères amphibie (PHA) Dixmude est de retour en France. À l’occasion du point presse du ministère des Armées, le médecin chef Vincent Bacquey, chef de l'état-major opérationnel du Service de santé des armées, fait le bilan de ces deux mois d'engagement. Interview.

La France fut la première puissance occidentale à mettre des moyens de soins aussi près de la bande de Gaza. Quels ont été les défis à relever pour apporter une aide médicale à proximité de cette zone de guerre ?

Le premier défi : identifier les besoins pour installer à bord du Dixmude toutes les capacités dont nos praticiens auraient besoin. Pour cela, il a fallu anticiper les blessés et pathologies de patients sortant de zone de guerre.

Le deuxième défi a été de planifier avec notre partenaire égyptien l’insertion du Dixmude dans leur dispositif de prise en charge des blessés en sortie de Gaza. Le but : avoir un flux d’entrées de patients sur le PHA et, derrière, assurer une sortie de ces patients vers d’autres structures hospitalières pour qu’ils bénéficient d’une continuité de soins.

Le dernier défi était la logistique. Nous avons monté une capacité assez extraordinaire au sens non planifiée et non identifiée. Cela a nécessité des flux de ravitaillement venant de France en permanence et en quantité. De plus, nous avons dû nous adapter en cours de mission selon les pathologies rencontrées et être réapprovisionnés avec un certain nombre de matériels complémentaires.

Comment l’acheminement des blessés depuis la bande de Gaza vers le Dixmude s’est-il organisé ?

Nous nous sommes insérés dans le dispositif égyptien, un dispositif déjà en place depuis un moment. Concrètement, les patients sont évalués médicalement au niveau de la frontière entre la bande de Gaza et l’Égypte. Ils sont ensuite pris en compte par le service de santé civil égyptien qui ensuite les oriente vers les différentes structures disponibles. Dans cette organisation, le médecin régulateur égyptien en charge des évacuations des patients était en liens étroits avec nos médecins régulateurs. Ces derniers étaient alors chargés d’identifier les patients que nous pouvions soigner. Une fois que ces patients ont été traités sur le Dixmude, les Égyptiens organisaient la suite de leur prise en charge.

En deux mois, combien de blessés ont-ils été soignés ? Quel type de patients était-ce ?

Nous avons soigné des patients chirurgicaux avec des pathologies de territoire de guerre. Environ 124 blessés lourds ont été hospitalisés avec une durée moyenne de présence de 11 jours. Nous avons également été confrontés à de nombreuses blessures à la tête, aux membres, ce qui a nécessité d’effectuer plusieurs amputations. Nous avons également accompli beaucoup d’actes de consultations, de soins et de prises en charge, qu’elles soient psychiatriques, médicales ou pour des pathologies causées par la dénutrition. Plus de 2 000 consultations et actes de soins ont ainsi été effectués sur les deux mois de mission.

Concernant les patients, près de la moitié des blessés étaient des enfants. Leurs accompagnants ont pu bénéficier de consultations de médecine générale et d’un appui psychologique.

Au vu de ses capacités de prise en charge, le Dixmude aurait-il pu accueillir plus de patients ?

Non. La capacité de soin embarquée a utilisé tout l’espace disponible à bord. Tout de suite, le dispositif a été rempli face à l’afflux de patients. Les capacités que nous avons mis à disposition ont ainsi été exploitées à leur maximum pendant toute la durée de la mission et ce jusqu’au dernier moment car le dernier patient a quitté le navire seulement 48 heures avant son départ.

Ministère des Armées
01/02/2024

Source : www.asafrance.fr