TERRORISME : Au Mali, premiers accrochages entre Wagner et djihadistes

Posté le jeudi 06 janvier 2022
TERRORISME : Au Mali, premiers accrochages entre Wagner et djihadistes

Un convoi des Forces armées maliennes escorté par des mercenaires russes a été pris à partie par des insurgés islamistes dans le centre du pays.

Les signaux de la présence de Wagner au Mali se multiplient. Lundi, des hommes de cette société de sécurité privée russe auraient connu un premier accrochage sérieux avec des insurgés islamistes. Selon France 24, un convoi des Forces armées maliennes (FAMa), accompagné par des mercenaires, a été pris à partie entre Bandiagara et Bankass, deux villes situées au sud de Mopti, dans le centre du pays.

L’un des véhicules blindés aurait sauté sur un engin explosif improvisé (IED) avant qu’un violent échange de coups de feu éclate ; une stratégie d’embuscade classique des djihadistes. Le bilan est incertain. Un membre de Wagner aurait été blessé et transporté à l’hôpital de Sévaré. La katiba Macina est active dans cette région. Dirigée par Amadoun Koufa, un prêcheur peul, elle fait partie du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), lié à al-Qaida. Des témoins assurent avoir vu ces derniers jours des unités des FAMa accompagnées d’hommes blancs en uniforme se déployer depuis Bamako vers le centre du pays. « C’est peut-être le cas, mais cela reste limité, car Wagner est encore en phase de déploiement », explique un ancien responsable malien.

Des sources françaises affirment qu’environ 300 à 400 mercenaires seraient arrivés au Mali. Des mouvements d’avions de transport de l’armée russe ont été enregistrés depuis la Syrie vers Bamako, via la Libye. « Des arrivées continuent », affirme cette source.

Il y a deux semaines, une quinzaine de pays occidentaux, dont la France, avaient dénoncé dans un communiqué commun l’arrivée au Mali de Wagner. La junte militaire, au pouvoir à Bamako depuis le coup d’État d’août 2020, avait « formellement démenti », évoquant le simple appui de formateurs militaires russes.

Si un déploiement de Wagner dans cette zone ne devrait pas interférer directement avec Barkhane, qui n’est présent que plus au nord, il pose en revanche le problème d’une cohabitation avec les Casques bleus de l’ONU largement stationnés à Mopti

Les objectifs de ces mercenaires au Mali restent nébuleux, mais des missions exploratoires russes ont été observées dans le centre du pays, à Mopti et Bandiagara, notamment. C’est peut-être dans ce cadre que l’accrochage de lundi s’est déroulé. Si un déploiement de Wagner dans cette zone ne devrait pas interférer directement avec Barkhane, qui n’est présent que plus au nord, il pose en revanche le problème d’une cohabitation avec les Casques bleus de l’ONU largement stationnés à Mopti. Ces soldats de la paix sont dans leur grande majorité originaires de pays de la région.

Sanctions financières

Or, les tensions qui pourraient naître de ce face-à-face ne seront pas apaisées par la situation politique. Dimanche, le ministre des Affaires étrangères du gouvernement provisoire a en effet fait savoir à la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), l’organisation régionale, l’intention de la junte de prolonger son « mandat » pour cinq ans. Une posture qui s’appuie, selon les militaires, sur les conclusions d’une consultation populaire organisée fin décembre par leurs soins. La Cédéao avait pourtant exigé l’organisation d’une élection dès le mois de février. « En demandant une prolongation de cinq ans, la junte montre clairement son intention de rester au pouvoir », explique Baba Dakono, le directeur de l’Observatoire citoyen sur la gouvernance et la sécurité. De nombreux partis politiques maliens, mais aussi l’entourage du puissant imam Dicko, un temps proche des putschistes, ont immédiatement rejeté ce calendrier. « Cette demande est purement et simplement inacceptable pour la Cédéao », assure un diplomate africain.

L’organisation, qui a menacé de sanctions financières le Mali, doit se réunir dimanche pour un sommet extraordinaire. « Elle prendra sans doute des mesures fortes pour faire pression sur la junte. Mais la situation est extraordinairement complexe. Les présidents des pays voisins doivent faire attention en même temps de ne pas trop affaiblir le Mali, déjà fragile, car cela pourrait engendrer de grandes souffrances pour les populations et, au final, profiter aux djihadistes », souligne Baba Dakono.

Auteur :  Source :  LeFigaro.fr
Date : 06 janvier 2022

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Source : www.asafrance.fr