Y a-t-il adéquation entre ressources budgétaires et missions confiées aux Armées ? EXTRAIT d’audition du chef d’état-major des Armées

Posté le dimanche 09 septembre 2018
Y a-t-il adéquation entre ressources budgétaires et missions confiées aux Armées ? EXTRAIT d’audition du chef d’état-major des Armées

Jean-Pierre Cubertafon, député et membre de la commission de la Défense de l’Assemblée nationale

Depuis 1995, l’armée française s’est déployée sur 106 terrains d’opérations extérieures aux quatre coins du globe du Congo au Mali, du Liban à la Guyane. Nos forces armées ont cependant subi un important manque de ressources, qu’il s’agisse du renouvellement des équipements, des effectifs ou encore des budgets.
Aujourd’hui, le budget des armées attribué par la loi de programmation militaire 2019-2025 vous paraît-il en adéquation avec les besoins des armées en ressources humaines et matérielles ?
Enfin et surtout, estimez-vous, au vu de l’intensité des opérations extérieures, que l’armée française sera au terme de cette LPM en mesure d’être déployée sur de nouveaux théâtres militaires ?

 

Général François Lecointre, chef d’état-major des Armées

Monsieur Cubertafon, concernant l’équilibre général des ressources qui sous-tend la loi de programmation militaire 2019‒2025, je ne peux que rappeler ce que je disais en introduction : aujourd’hui, la masse de nos armées est plus réduite que jamais, et cela n’aura pas changé en 2025. Certes, à l’issue de la période de programmation militaire qui s’ouvre, notre armée ne sera plus éreintée, sous-équipée, sous-dotée et sous-entraînée comme aujourd’hui ; mais elle restera une armée des « dividendes de la paix », une armée de temps de paix. Reste à savoir si nos armées seront alors capables d’être engagées sur plusieurs théâtres, dans des conflits peut-être plus violents et en tout cas très différents que ceux d’aujourd’hui.

D’où mon souci de moduler nos engagements actuels, pour retrouver des marges de manœuvre permettant de faire face à d’éventuels engagements nouveaux. Or, aujourd’hui, nos armées atteignent déjà les limites de leurs capacités avec 30 000 hommes en situation opérationnelle, ce qui n’est pourtant pas un niveau historiquement élevé.

C’est là une préoccupation majeure de tout chef d’état-major des armées, de tout ministre des Armées et de tout chef d’État : comment faire face à la surprise stratégique ? Au fil de notre histoire, avant chaque grand conflit, il s’agissait pour nos prédécesseurs de pouvoir mobiliser puissamment les ressources de la Nation pour faire face aux menaces. À l’époque du maréchal Joffre, par exemple, il s’agissait de concevoir un système de mobilisation générale extrêmement rapide. Les enjeux de notre époque sont certes différents, mais si la situation se détériorait, il serait alors de la responsabilité des autorités politiques comme de celle des autorités militaires de bien faire comprendre la nécessité d’un effort bien plus important qu’aujourd’hui pour la défense du pays.

Extrait d’audition du chef d’état-major des Armées le 17 juillet 2018

Rediffusé sur le site de l'ASAF : www.asafrance.fr

Source : www.asafrance.fr