CORONAVIRUS. Chine – Monde : quelques dessous de cartes

Posté le vendredi 03 avril 2020
CORONAVIRUS. Chine – Monde : quelques dessous de cartes

Comme il est question d’un renversement des hiérarchies de puissance entre l’Occident et la Chine, il est légitime de commencer l’analyse par la liste, énumérée depuis l’apparition du virus en novembre à Wuhan, des dommages que les bévues et le cynisme de l’appareil du Parti ont causé à la communauté internationale et dont la nuisance est homothétique des ambitions globales de Pékin et de sa prétention universelle.

Affichées avec force et constance par Xi Jinping depuis 2013, elles expriment une rupture radicale avec l’Occident dont il est dangereux de sous-estimer la force, tout en se gardant de céder aux hyperboles sur la puissance chinoise.

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À Paris, l’ambassadeur Lu Shaye, bien plus un militant nationaliste qu’un diplomate, est l’expression directe d’une stratégie de confrontation catégorique à l’emporte-pièce et sans nuance avec l’Occident.

Habitué des sorties agressives et menaçantes, Lu traduit en apparence une volonté d’affirmation culturelle séparée – ce qui est déjà le contraire du rôle d’un ambassadeur -. En réalité, son agressivité recèle aussi une crainte. Celle de la remise en cause de la prévalence du Parti à l’intérieur par la contagion démocratique. L’alarme politique s’exprime par une censure généralisée à un niveau rarement observé et une paranoïa du contrôle tous azimuts de la société chinoise.

Le langage brutalement anti-occidental de Lu Shaye spéculant récemment sur la « supériorité solidaire » des Asiatiques dans la crise épidémique est à peine du niveau d’une mauvaise conversation de comptoir, alors que nous voyons bien que chez nous aussi, la solidarité s’exprime tous azimuts par de nombreuses initiatives spontanées, peut-être mieux qu’en Chine.

En réalité la hargne de Lu traduit aussi la rancœur jamais éteinte contre les auteurs des humiliations subies par la Chine au XIXe siècle, que le président Xi rappelle souvent, évoquant des « sacrifices ». Sans nier la brutalité des intrusions occidentales, il est cependant nécessaire de souligner que le Parti examine sa propre histoire par un viseur sélectif.

Marie Holzman, sinologue, spécialiste de la Chine contemporaine et de la dissidence chinoise, enseignante de mandarin à l'université, écrivain, journaliste et traductrice française souligne certes que « le pouvoir chinois est obsédé par l’histoire et la violence que la Chine a subie au XIXe siècle, les guerres de l’opium, le saccage du Palais d’été par les forces expéditionnaires britanniques et françaises ». 

Mais, dit-elle, « il oublie, qu’au même moment eut lieu la révolte des Taiping. » Plus vaste et plus violente révolte paysanne de tous les temps, l’insurrection avait, au moment de l’arrivée des occidentaux, mis toute la Chine au sud du Yangzi à feu et à sang, massacrant au passage bon nombre de missionnaires.

 

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Quel que soit l’angle de vue, la dissémination dans le monde de diplomates peu cultivés qui ne sont que de très agressifs activistes des « caractéristiques chinoises », allumera à la longue de nouveaux contrefeux.

Ils s’ajouteront à la liste de ceux qui couvent déjà sous la surface depuis l’Amérique et l’Europe occidentale, en passant par l’Australie, la Nouvelle-Zélande et quelques pays d’Afrique et d’Asie du Sud-est (Malaisie, Philippines, Vietnam, Indonésie). Il n’est pas certain que le « désamour » général que la mandature agressive de Xi Jinping – diplômé de Marxisme à Qinghua - est en train de susciter dans tous les pays développés, puisse être compensé par les appuis hétéroclites dont Pékin aime à se prévaloir.

Ces derniers vont de l’allié russe qui, en dépit des contrats de gaz, reste hanté par de sombres inquiétudes antichinoises, aux très riches pays musulmans du Golfe aux intentions opportunistes et au Pakistan couvert de dettes, en passant par les PECO agacés par l’attentisme comptable de Bruxelles.

Il faut y ajouter une longue cohorte de pays africains en mal de cash souvent instables, partagés entre la crainte d’un retour d’une forme de néocolonialisme et la nécessité urgente de relancer leurs économies asphyxiées par la corruption, le clientélisme et les incessantes rivalités politiques internes.

Récemment un diplomate allemand affirmait que « la boîte à outils du n°1 chinois ne semblait contenir que des clous et un marteau ». Il sait de quoi il parle.

Son jugement recoupe celui de Xu Zhangrun, professeur de droit constitutionnel à Qinghua, aujourd’hui en résidence surveillée à Hefei, dans l’Anhui, à mi-chemin entre Wuhan et Shanghai.

« Nous avons, dit-il de l’actuel direction, une forme évolutive de tyrannie militaire sous-tendue par une idéologie “légaliste-fasciste-staliniste [Fa-Ri-Si, ]“. Celle-ci est bricolée à partir des souches chinoises traditionnelles de la pensée légiste 中式 法家 思想, mariée à une interprétation léniniste-stalinienne du marxisme, à quoi s’ajoute une variante du fascisme « germano-aryen » (法西斯主义).

Il suffit de visionner les images de la dernière parade militaire à grand spectacle dominée par le portrait géant de Xi Jinping haut de 3 étages pour imaginer que Xu s’approche de la vérité.

Ce que nous voyons, est à des années-lumière de la subtile et complexe pensée politique chinoise, où – pour ne parler que des volets les plus connus - se croisent, se complètent ou se confrontent l’ancestral classique du changement, le confucianisme, humanisme politique et normatif, le taoïsme aux tendances individualistes libertaires, proche de la pensée anarchiste et la rigidité brutale des légistes.

Sans parler des classiques de la poésie et de l’histoire, de la richesse introspective infinie de la littérature, ou de l’ouverture métaphysique du bouddhisme. Enfin, le mouvement du 4 mai 1919, marquant à la fois rupture avec le passé et le renouveau « d’une pensée qui n’a pas dit son dernier mot » (Anne. Cheng), qui est à la racine de la révolte contre l’Occident et la matrice du Parti communiste chinois.

L’énumération n’est pas un étalage savant. Juste un rappel que d’autres bien plus qualifiés pourraient développer. Son but n’est que de souligner les contrastes avec les actuels tenants de l’appareil, expressions d’une régression intellectuelle catastrophique. Elle a aussi pour but de rappeler que le Parti communiste n’est pas « La Chine » ou « Les Chinois » comme les réflexes essentialistes réducteurs semblent le suggérer.

À la question « Que pensent les Chinois ? », Paul Claudel qui fut plusieurs fois consul et dont les jugements sur la Chine furent éclectiques et souvent contradictoires - mais à sa décharge il faut reconnaître que le pays résiste à la synthèse -, répondait « je ne sais pas je ne les ai pas tous interrogés ».

 

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Ce long préambule étant posé, le fait est que le Parti a menti, bloqué l’information et induit en erreur l’OMS, elle même très complaisante.

Dès le début janvier il a caché des infos sur le déclenchement de l’épidémie et aujourd’hui encore, selon toute vraisemblance, sur le nombre de décès.

 Il y a 4 jours des reportages mis en ligne par des internautes chinois ont été effacés par la censure. Ils montraient de longues files de familles à Wuhan venues chercher les urnes funéraires de leurs parents disparus durant l’épidémie.

À l’évidence les chargements de plusieurs milliers d’urnes dans chacun des nombreux camions laissaient supposer que le nombre de décès a été bien plus important que les 3 304 affichés par le Parti. Les réseaux sociaux chinois parlent de 20 fois plus. Difficile de faire la part des choses, mais la probabilité d'un nouveau mensonge est forte.

Certaines urnes n’ont même pas trouvé « preneur », toute la famille ayant succombé, tandis que de nombreux enfants sont restés orphelins, que le régime appelle « des enfants trouvés ». Dans sa « Lettre de Léosthène », toujours bien informée au-delà des apparences, Hélène Nouaille, revient également sur ces doutes.

« Selon la presse britannique, des scientifiques auraient informé Boris Johnson que la Chine pourrait avoir minimisé le nombre de cas confirmés  dans un facteur de quinze à quarante ». Le doute sur les chiffres chinois et sur la chronologie de l’épidémie a aussi été exprimé par l’infectiologue Karine Lacombe à l’hôpital Saint-Antoine de Paris.

« Nous pensons que l'épidémie a commencé beaucoup plus tôt en Chine, probablement dès septembre, ou octobre. Ils ont aussi probablement caché la vraie mortalité parce que 3 000 morts, quand on voit ce qui se passe en Italie ou en Espagne, on a du mal à le croire. Probablement que les données de description des personnes atteintes du coronavirus ont été biaisées » - les Chinois ayant changé de mode de calcul plusieurs fois et ne donnant pas « les données brutes de surveillance de l’épidémie mais seulement des agrégats de données ».

 

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Nous sommes clairement en face « d’un risque chinois » provoqué non par la puissance, mais par la nature opaque du régime dont la rigidité léniniste aggravée par le nationalisme à viseur unique de l’actuel n°1, a bloqué l’information vers l’OMS, handicapant l’efficacité d’une réaction globale.  

Alignés sur l’OMS sous influence chinoise, les pays comme la France et l’Italie, entre autres, ont tardé à réagir et connaissent une explosion des cas ; tandis que ceux comme les 2 Corées et surtout Taïwan beaucoup plus densément peuplé que nous, ont maîtrisé l'épidémie.

Dès la mi-janvier, Laurie Garrett, analyste américaine des politiques de santé, lauréate du prix Pulitzer pour sa couverture de l’épidémie d’Ébola en 1995, estimait que les chiffres des autorités chinoises étaient une flagrante sous-estimation de la gravité de la situation.

« Alors qu’une réaction immédiate dès la première semaine de janvier aurait permis de juguler plus facilement les contagions, les autorités sont restées dans le déni et l’espoir insensé qu’il ne s’agissait que de symptômes anodins ne touchant qu’une poignée de personnes ayant traîné dans un marché. »

 

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Ne tenant aucun compte des déclarations de Pékin ayant d’abord assuré que l’épidémie serait circonscrite à Wuhan, Taipei a, dès le début janvier, commencé à contrôler les voyageurs chinois, avant de fermer complètement les vols dans le Détroit le 23 janvier. 

Le 1er l’Île comptait au total 5 décès, 329 cas et seulement + 7 cas en 24 heures. Le rapport décès / population y est de 2 décès pour 10 millions, alors qu’en France il est de 540.

En Italie, qui comptait 200 000 expatriés chinois, liés par vols directs à Wuhan – comme nous – et où les mesures de confinement n’ont commencé que très tard – le 9 mars, soit 46 jours après la fermeture chinoise du Hubei et la suspension des vols à Taïwan - le rapport pour 10 millions est de 2 060 !

Le fait que la population italienne soit plus âgée – raison évoquée par les commentateurs politiquement corrects - ne suffit pas à expliquer ce bilan.

Les dates sont importantes pour demander des comptes à l’OMS, au Parti communiste chinois et à Paris.

En arrivant à Roissy, début mars soit 6 semaines après les mesures radicales de fermeture du Hubei par Pékin, et 40 jours après l’annulation de tous les vols au-dessus du Détroit par Taipei, tous les voyageurs auront constaté qu’aucun contrôle n’avait été mis en place par Paris.


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Il faut enfin réfléchir à la puissance de la propagande chinoise, partie intégrante du « risque chinois », dont l'efficacité est homothétique de notre inaction et de notre crédulité. 

Depuis le 23 mars, les réseaux sociaux partagent l’image d’un employé de la société italienne Svecom à Montecchio Maggiore hissant le drapeau chinois à la place de celui de l’UE. La plupart des commentaires toujours en ligne spéculent sur la meilleure efficacité de l’aide chinoise comparée à celle de Bruxelles.

Le 23 mars encore, le site de l’agence de presse russe Sputnik mettait en ligne des commentaires assassins de Florient Philippot, spéculant sur « la faillite totale de l’Union européenne », dont dit-il « l’inaction face à la pandémie, suivant l’affaiblissement des systèmes de santé par les longues années d’austérité imposées, a aggravé la crise sanitaire. »

L’analyse, reprise par nombre de critiques, était accompagnée par une vidéo diffusée sur Twitter d’Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission, dans un exercice pédagogique de geste barrière, se lavant les mains en chantonnant l’hymne européen.  

Commentaires d’un internaute : « Pendant que la Russie, la Chine et j'en passe envoient des hommes et des moyens pour soutenir l'Italie, la Présidente de la Commission fait de la “com“ à bon marché et se lave les mains » (…) « Merci pour ce moment. L'histoire retiendra que l'UE s'est effondrée sans la moindre dignité. Ni fleurs ni couronnes ».

Au même moment, Zhao Lijian, porte-parole du gouvernement chinois ayant accusé les États-Unis d’avoir fabriqué le virus pour infecter la Chine et qui n’en est pas à un mensonge près, faisait circuler sur les réseaux sociaux une vidéo factice montrant des quartiers entiers d’une ville italienne chantant l’hymne national de la République populaire.

Au passage le fait qu’un porte-parole d’un ministère des Affaires étrangères d’un pays qui entend se poser en exemple planétaire se laisse aller à diffuser ce type d’accusation est déjà inquiétant, mais encore plus accablantes sont les attaques contre Donald Trump, accusé de racisme, y compris par l’ONU, alors qu’il ne faisait que rétablir la vérité.

Le 30 mars, enfin, Pierre Lellouche, ancien secrétaire d’État au Commerce du gouvernement Fillon, interviewé par Isabelle Lasserre pour Le Figaro, impressionné par l’offensive tous azimuts de la propagande de Pékin, estimait que « la pandémie accélèrera la montée en puissance de la Chine ».

Il était dans la droite ligne de certains commentaires américains qui, il y a une semaine, tiraient la même sonnette d’alarme.  

Le 18 mars, un article du New York Times du chroniqueur Steven Lee Meyers analysait en effet qu’en absence de réaction visible et coordonnée de la Maison Blanche ayant abandonné son rôle mondial, la séquence jouerait, par l’efficacité qu’elle exprime, en faveur du système de gouvernance autocrate chinois.

Minxin Pei, « China Watcher » originaire de Shanghai, docteur en sciences politiques de Harvard, qui n’est pas dupe, décryptait les intentions de Pékin : « Les dons chinois de matériels de santé, entendent montrer à la face du monde que la Chine est une puissance mondiale responsable et généreuse ».

Il rajoutait que, mis en scène sur toute la planète, « Le succès de la lutte contre le coronavirus suggère également que son régime à parti unique est supérieur aux démocraties occidentales aujourd’hui à la fois fragiles et tourmentées, en particulier aux États-Unis ».

La perspective ainsi ouverte offre une image saisissante de l’efficacité de la propagande, si on songe qu’il y a seulement sept semaines, après la mort dans la nuit du 6 au 7 février, du Dr Li Wenliang lanceur d'alerte sermonné par la police, alors que le Secrétaire général du Parti Xi Jinping, président de la République, était absent de l’actualité publique pendant plusieurs jours, l’appareil violemment contesté par l’opinion et les réseaux sociaux, paraissait aux prises avec les prémisses d’une crise politique grave.

À suivre. Il y aura des contrefeux internes. La crise a laissé des traces dans l'appareil où Xi Jinping a perdu sa prévalence. Si les scandales assortis des réactions brutales des internautes continuent, le parti le sacrifiera. À moins que les idiots utiles occidentaux lui redonnent de la face. Ce qui n’est pas exclu.

Mais les tensions internes perdurent, elles sont à fleur de peau et renvoient aux contradictions politiques du régime. Le 27 mars des violentes échauffourées avec la police dont la raison importe peu, ont éclaté à la frontière du Hubei et du Jiangxi à Jiujiang sur le Yangzi.

https://www.scmp.com/video/china/3077466/police-public-clash-border-reopens-between-coronavirus-epicentre-hubei-and?utm_medium=email&utm_source=mailchimp&utm_campaign=enlz-scmp_today&utm_content=20200330&MCUID=c6375adf24&MCCampaignID=08de52c9f5&MCAccountID=3775521f5f542047246d9c827&tc=13

 

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Dernière observation sur la situation économique. Le parti s’étant engagé dans une vaste et inédite opération de camouflage et de déni, les chiffres de l’économie qui depuis le début des années 2000 avaient commencé à se rapprocher lentement de la vérité, redeviennent contestables.

 

Pour l’heure en tous cas, tous les experts anticipent une chute brutale de la croissance en 2020 – au mieux elle tomberait à + 4% au pire la Chine ferait face à une récession –.
Bien avant la crise, à Pékin, en juin dernier, on pouvait constater un ralentissement de l’activité commerciale dans les quartiers normalement très animés. Le risque existe que la paralysie globale inflige un coup sévère à l’économie chinoise.

 

Cette fois, et contrairement à la crise de 2008, le redémarrage dépendra de celui de ses clients et des investisseurs étrangers, pour l’instant soumis à la très forte incertitude des « vagues » de contamination qui, après l’Europe, prennent en écharpe les États-Unis, et progressivement l’Afrique et l’Amérique du sud.   La Chine aura probablement du mal à trouver suffisamment de clients à l'Ouest, tandis qu’ailleurs les marchés émergents ne sont tout simplement pas assez riches pour compenser le déficit de commandes. Globalement l’automobile, les nouvelles technologies, le transport aérien, le tourisme seront les secteurs les plus gravement touchés.  Lellouche évoque dans son papier la puissance financière de la Chine. Pékin dispose en effet d’un stock d’or en augmentation rapide évalué à 100 Mds $ - signe de l’inquiétude du régime - et de fortes réserves de change d’environ 3 000 Mds $, en baisse de 30 % depuis janvier et de près de 50 % depuis leur point haut de juin 2019.  Rappelons cependant que, dans la très grande majorité des cas, Pékin n’utilise pas ses réserves pour développer ses stratégies des « Nouvelles routes de la soie ». Le régime accorde des prêts au taux du marché, pour des projets d’infrastructure, parfois à des pays non solvables, créant une dépendance, source de tensions politiques, attisées par les opposants politiques des pays cibles réfractaires au « néo-colonialisme chinois ».  Quant aux réserves de change et au stock d’or, assurances en cas de rupture sociale et politique, le régime les surveille comme l’huile sur le feu. Au passage, si la situation sociale entrait en effervescence en Chine, les 3 000 Mds $ de réserve seraient vite épuisés. C’est une vulnérabilité.  Une autre est l’accumulation des dettes à plus de 300% du PIB – sociétés, gouvernement, particuliers et provinces confondus -. Certes la dette chinoise est interne, indépendante des fluctuations du marché.  Pour autant, le risque existe, augmenté comme chez nous par la crise épidémique, d’une série de faillites et d’un réajustement à la baisse de la valeur surévaluée des actifs immobiliers, principaux instruments de garantie des prêts.  Pour l’instant, les investisseurs chinois et étrangers semblent avoir confiance dans les capacités de l’État chinois à tenir la tête hors de l’eau des entreprises en difficulté. Pour autant, chacun voit bien que l’accumulation des faillites ajoutée à une chute de l’immobilier mettrait les banques pourvoyeurs de liquidités en difficulté.  Le dilemme pour les décideurs chinois est qu’après l’effondrement de la production au premier semestre de cette année, ils sont tentés par une politique de relance de grande ampleur, pour, à tout prix, coller aux prévisions de croissance de 5,5 à 6 %, ce qui est improbable. Mais quand bien même un tel coup de pouce serait possible, la relance augmenterait d'autant plus les dettes et le risque d'un accident de crédit frappant les banques dévastateur pour la paix sociale. Si au contraire, Pékin faisait preuve de retenue et permettait à son économie de ralentir, au prix de graves troubles sociaux, le freinage impacterait encore plus l’économie globale, sans pour autant écarter le risque de crise de liquidités.  Bref ce tableau marqué par de fortes incertitudes et une inquiétude palpable en Chine, devrait inciter à réduire d’un cran les hyperboles sur la puissance chinoise.  

François TORRES
Officier général (2s)

Le général (2s) François TORRES est un contributeur régulier de l’ASAF. Il est très apprécié des lecteurs en raison de sa vaste culture, de sa très riche expérience internationale et de la pertinence de ses analyses.

 

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