SENAT : Extraits de l’audition de madame Florence Parly, ministre des Armées, devant la commission des affaires étrangères, de la Défense et des forces armées

Posté le samedi 18 avril 2020
SENAT : Extraits de l’audition de madame Florence Parly, ministre des Armées, devant la commission des affaires étrangères, de la Défense et des forces armées

Extraits de l’audition de madame Florence Parly, ministre des Armées, devant la commission des affaires étrangères, de la Défense et des forces armées

(10 avril 2020)

 

EXPOSE
(extraits)

 

Florence Parly (Minarm)
(…) Un hôpital de campagne a été construit, de toutes pièces, en une semaine à Mulhouse. Mais notre médecin général des armées, Mme Gygax Généro, vous en dira plus. Cette opération, totalement inédite, ne souffre d'aucune comparaison avec ce qu'ont réalisé d'autres pays, comme les médias l'ont parfois tenté. Dans cet hôpital, 40 patients sont accueillis en réanimation.

Minarm
(…) Notre solidarité européenne apparaît de plus en plus comme le rempart nécessaire contre des puissances extérieures qui instrumentalisent la crise pour renforcer leur emprise chez nos voisins ou à l'intérieur de l'Europe. L'Union européenne devra jouer un rôle important dans la sortie de crise, et progresser vers une Europe plus résiliente et souveraine.

QUESTIONS (extraits)

Mme Christine Prunaud, sénatrice, rapporteure « préparation et emploi des forces ». 
(…) Mon collègue rapporteur et le président Cambon y ont fait référence, les services de soutien des armées sont exsangues, et particulièrement le SSA. Lors du débat sur la loi de programmation militaire (LPM), nous avions demandé une hausse du soutien financier au SSA. Ce service doit à la fois soutenir le service de santé public - il a apporté une espérance supplémentaire grâce à l'hôpital de campagne de Mulhouse -, mais aussi garantir la santé de nos soldats en opération et sur le territoire national.
(…) nous avons besoin de savoir que ces questions de santé de nos militaires sont bel et bien prioritaires. Nous devons aussi penser aux moyens humains et financiers nécessaires à ce service.

M. Cédric Perrin, sénateur
(…) Je veux d'abord rendre hommage aux militaires, qui démontrent une fois de plus leur professionnalisme face à cette crise. La gestion de crise militaire peut être un modèle pour les autres services publics et pour le reste du pays. Nous savons, dans l'est de la France, ce que nous devons à l'armée pour le désengorgement de nos hôpitaux ; merci.
(…) Je souhaite également connaître l'impact de cette deuxième opération intérieure sur la loi de programmation militaire (LPM).
(…) Comment mieux intégrer le concept de sécurité sanitaire parmi les priorités du pays ? Envisagez-vous une montée en puissance du SSA, élément essentiel de la sécurité nationale ?

 

REPONSES
(extraits)

 

Minarm
(…) Nous n'avons, je crois, jamais répondu négativement à des demandes -, mais nous sommes convenus d'être maintenant force de proposition.

(…) Nous pouvons avoir des idées, mais les services de l'État et les autres doivent aussi exprimer leurs besoins.

Mme Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'État auprès de la ministre des armées
(…) Le SSA représente 1 % de la santé publique de France et 0,7 % des lits du secteur public hospitalier. Il compte 14 900 personnes - 68 % de militaires et 32 % de civils -, 2 070 médecins, 6 700 infirmiers et 3 100 réservistes.
Par comparaison, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) compte 12 000 médecins et 50 000 soignants. Cela montre la part que nous pouvons prendre dans la réponse à cette crise.

(…) les hôpitaux d'instruction des armées (HIA) -, très mobilisés lors de la crise sanitaire. Ces établissements se sont transformés, comme tous les hôpitaux de France, pour créer des unités de traitement du Covid-19. Ils ont multiplié par trois leurs capacités d'accueil en réanimation.

(…) Il y a actuellement 267 soignants en OPEX pour prendre soin de nos soldats. En 2019, 2 000 militaires de la fonction santé ont été déployés en OPEX, dont 500 médecins.

Minarm
(…) Les effectifs du service de santé des armées ont atteint leur point bas au début de l'année 2017, avec 14 487 équivalents temps plein (ETP). Nous avons mis fin à leur décroissance, qui a été très importante - 10 % en cinq ans - avant de les porter à 14 775 ETP en 2019. Nous devrons adapter notre système de santé en tirant les conséquences de cette crise.

(…) Il est un peu tôt pour parler du coût de l'opération Résilience, d'autant qu'il faudra apprécier l'impact de cette crise sur le budget global des armées : certaines activités ont été moins importantes que prévu, aussi. Le premier projet de loi finances rectificative (PLFR), adopté il y a quelques jours, n'a aucun impact sur le budget de mon ministère. Le second, qui sera présenté au prochain conseil des ministres, ne l'affectera pas davantage. En tous cas, nous veillerons à ce que les réflexions sur le système de santé publique prennent en compte le service de santé des armées.

(…) L'agence de l'innovation de défense, en lien avec la DGA, cherche à identifier des solutions innovantes dans tous les domaines, et notamment dans celui des tests. Elle a repéré une entreprise, NG Biotech, qui produira des kits de dépistage sanguin efficaces en quelques minutes. Nous en avons commandé 50 000, pour un montant d'un million d'euros. Les premières livraisons auront lieu fin avril. Ces tests nous seront très utiles pour organiser le dépistage à grande échelle.
Nous avons également repéré l'entreprise BforCure, qui travaille avec l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), et dont le projet Nomorecov développe un automate mobile, modulaire et connecté pour effectuer un dépistage en moins de trente minutes. Nous lui apportons 1,8 million d'euros pour couvrir les phases de développement, de test et de qualification, jusqu'au prototype attendu dans quelques mois.

 

CONCLUSION

 

M. Christian Cambon, président de la Commission 
(…) Nous sommes à vos côtés et renouvelons notre confiance à nos forces armées. Pour autant, le Parlement doit exercer son pouvoir de contrôle. Merci pour ces échanges, qui nous ont éclairés, sur le service de santé des armées, la situation du Charles-de-Gaulle ou encore les débats européens.

L'effort qu'a fait le Sénat en faveur d'une loi de programmation militaire susceptible de remettre à niveau nos armées ne doit pas être remis en cause par cette crise, et nous nous battrons avec vous pour cela. Fabriquer des masques et des hôpitaux, oui, mais les crises graves se préparent longtemps à l'avance !

 

 

Pour télécharger le dossier sur le Service de Santé des Armées (SSA) réalisé par l'ASAF, cliquez sur le PDF ci-dessous.
logo pdf

 

Rediffusé sur le site de l'ASAF : www.asafrance.fr

Source : www.asafrance.fr