HEROS. Arnaud BELTRAME, «victime de son héroïsme» : Paris fait polémique avec une plaque à sa mémoire

Posté le mardi 13 octobre 2020
HEROS. Arnaud BELTRAME, «victime de son héroïsme» : Paris fait polémique avec une plaque à sa mémoire

La formulation a indigné de nombreux responsables politiques et commentateurs. Le frère du gendarme décédé exprime au Figaro son souhait de voir évoqué le «terrorisme islamique».

La plaque du jardin Arnaud Beltrame (Paris 3ème), qui mentionne que ce dernier fut «victime de son héroïsme». Mairie de Paris

Cela se voulait un hommage, certains la dénoncent comme une insulte. Avec la mention «victime de son héroïsme», une plaque à la mémoire d'Arnaud Beltrame, inaugurée le 26 février dernier, au cœur de Paris, par la maire Anne Hidalgo, soulève critiques, polémiques et indignation. Passée inaperçue jusqu'à ce week-end, elle fait beaucoup réagir.

La plaque de ce «Jardin Arnaud Beltrame», à la mémoire de ce gendarme décédé après s'être substitué aux otages lors de l'attaque terroriste dans un supermarché de Trèbes (Aude) en mars 2018, est située devant l'ancienne caserne des Minimes, à quelques mètres de la place des Vosges dans le 3ème arrondissement. Démilitarisée, elle accueille désormais 70 logements sociaux et des locaux d'activité, dont une crèche.

«Ignares»

Confronté à une prise d'otages dans le Super U de Trèbes, le lieutenant-colonel avait volontairement pris la place des captifs au terme d'une négociation avec le terroriste Redouane Lakdim. Ce dernier avait ensuite mortellement touché le gendarme, avant la prise d'assaut du bâtiment par les forces d'intervention. «Victime de son héroïsme»? La formulation laisserait entendre qu'Arnaud Beltrame est mort par sa propre faute, éludant toute mention des motivations fondamentalistes islamiques de son assassin.

L'expression a largement choqué la classe politique. «Victime du terrorisme islamiste», rectifiait ainsi sur Twitter François Jolivet, député LREM de l'Indre. L'essayiste Lydia Guirous (LR) a souligné que «ce n'est pas son héroïsme qui [a tué Arnaud Beltrame] mais un terroriste islamiste!». «Suggérer qu'Arnaud Beltrame aurait été victime de lui-même est révoltant. Anne Hidalgo s'honorerait à faire modifier cette phrase qui choque nombre de Français», a pour sa part tweeté Marine Le Pen, présidente du Rassemblement National. Même qualification de «maladresse», voire d'erreur grossière pour plusieurs spécialistes de l'Islam ou de la question sécuritaire. «Non ignares ! Arnaud Beltrame est une victime du terrorisme islamiste», rappelait ainsi le journaliste Mohamed Sifaoui. Bénédicte Chéron, historienne spécialiste des questions de défense, a évoqué une «malheureuse formule» : «Dans «victime de son héroïsme», on atteint la confusion maximale. Le mot «victime» est impropre et la cause du décès tout autant.», détaillait-elle.

Le souhait de Cédric Beltrame d'évoquer le terrorisme islamique

Adjointe à la mairie de Paris en charge de la mémoire, Laurence Patrice a assuré découvrir cette «formulation assez malheureuse». Le maire de Paris-centre Ariel Weil a affirmé qu'il n'avait pas validé cette «construction stylistique» qu'il «ne comprend pas». «La rédaction de la plaque avait été validée par la famille d'Arnaud Beltrame, et inaugurée en présence de sa mère et Anne Hidalgo, se défend-on à l'Hôtel de Ville. C'est une évidence que la Ville ne décide pas par elle-même sans l'accord de la famille».

Le texte a été en premier lieu rédigé par la direction des affaires culturelles, mais aurait ensuite fait l'objet de modifications pour respecter les volontés des proches du gendarme. Joint par Le Figaro, Cédric Beltrame, frère d'Arnaud, «ne se souvient pas», en tout cas, avoir été sollicité et pense que sa mère «a découvert le libellé sur place». Il aimerait pour sa part nommer les choses clairement: «ce serait mieux d'avoir «Mort en combattant le terrorisme islamique» ou «Victime du terrorisme islamique»», souligne-t-il. La mairie, qui précise que la famille a à nouveau été contactée ce lundi, se dit prête à modifier la formulation.

 

Par Luc LENOIR et Stéphane KOVACS

Le Figaro
publié le 12 octobre 2020 à 18:15
mis à jour hier à 21:52

 

Source photo : Ministère des Armées


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