EMPAQUETAGE. Un linceul sur l’Arc de Triomphe : un événement culturel obscène

Posté le mardi 24 août 2021
EMPAQUETAGE. Un linceul sur l’Arc de Triomphe : un événement culturel obscène

Ainsi l’Arc de Triomphe, que son administrateur qualifie à juste titre de monument « de la concorde nationale », va être empaqueté, à la suite du Pont Neuf. Et le même responsable d’ajouter, comme pour s’excuser : « c’est aussi un lieu de culture. L’œuvre de Christo a l’élégance et l’humilité d’être éphémère. Au bout de quinze jours elle disparaîtra. » Et l’on précise que sont associés au projet le Comité de la Flamme et les anciens combattants. Évidemment, on ne va pas jusqu’à nous dire que le soldat inconnu qui y repose a manifesté son assentiment.

Et de nous rappeler qu’avant de mourir, l’artiste, Christo, avait ainsi décrit son « œuvre » :
« Ce sera comme un objet vivant qui va s’animer dans le vent et refléter la lumière. Les plis vont bouger, la surface du monument devenir sensuelle, les gens auront envie de toucher l’Arc de Triomphe. »
Ce spectacle suscitera-t-il des mains baladeuses ? Je ne sais ! Mais comme pour le Pont-Neuf en 1985, il y aura beaucoup de monde pour venir voir et on criera au succès. Et il sera alors évident pour les médias du politiquement et culturellement correct que les Parisiens et les touristes auront été touchés par cette « création », à défaut d’y avoir mis les mains, compte tenu de la crise sanitaire. Au pire, puisque nous sommes en guerre, que l’on distribue le gel et les masques, que l’on installe un vaccinodrome auprès de la tombe du soldat inconnu, et pendant que l’on y est, que l’on grave à la suite des noms des généraux de Napoléon ceux des vainqueurs du Covid et ceux des empaqueteurs. On a les gloires que l’on peut !

Il ne fait ainsi nul doute qu’on sélectionnera des réactions émues nous élevant au plus près des mystères artistiques que le commun des mortels a de la peine à comprendre. Comme ce fut le cas en 1985 pour le Pont Neuf. Je rapporte celle-ci, qui resservira sans doute à ceux qui ne sauront pas quoi dire :« C’est l’acte esthétique à l’état le plus pur ». L’émotion viendra peut-être aussi, en partie, des 14 millions d’euros que l’œuvre a coûtés, dépense « auto-financée » nous assure-t-on, mais personne n’aura la mesquinerie de le faire remarquer. Comptons aussi sur la « sensualité » du spectacle pour émouvoir le badaud en quête de « sensations ».

Madame Sandrine de la Houssière (que je considère comme ayant une grande sensibilité artistique) avait écrit dans Figaro Vox du 9/04/2019 un article remarquable sur ce projet. Voyez cet extrait où elle explique pourquoi Christo préfère « empaqueter » à « emballer. ». Je la cite : « Empaqueter relève de la trivialité utilitaire et commerciale, dans le droit fil du mouvement Dada, pour qui tout matériau peut devenir le support d’une expression artistique débouchant sur une esthétique du déchet, du rebut. Avec finalement le souci d’isoler, de dissimuler dans un habillage dérisoire l’objet de la fierté nationale. Le tissu posé intercepte le regard, s’interpose comme un monstrueux parasite, dans une négation de l’objet indifférencié, instillant la conviction ultime que l’emballage équivaut au contenu. Que l’art est dans l’emballage. »

Je conviens que « cet arc de triomphe » sera bien digne de la France actuelle, oublieuse de ce qu’elle est, terrorisée par la menace de la maladie, honteuse de sa faiblesse et de ses abandons forcés face au terrorisme islamiste, soumise à une vie pleine d’angoisses et sans beaucoup d’espérance. Je n’en suis pas moins écœuré par cette injure faite à la France. Je ressens la même honte que devant le grand entonnoir rouillé placé il y a quelques années dans les jardins du Château de Versailles et qu’on osa appeler le « vagin de la Reine » ! Je l’avais vu du Château, mais n’ai pas voulu mettre les pieds dans les jardins. Et je n’irai pas plus approcher cette énième manifestation d’un pseudo-art qui n’existe pas par lui-même, qui n’existe pas autrement que dans le saccage et la souillure.

Comme ancien aumônier national des anciens combattants catholiques, je doute très fortement que le Comité de la Flamme et les anciens combattants aient réellement approuvé cela. Car je n’hésite pas à déclarer honteux et lâches ceux qui auraient pu s’opposer à cette entreprise de dérision et de déconstruction nationales et qui ne l’ont pas fait. Je forme le vœu qu’aucun drapeau français ni soit déployé, ni qu’aucun ancien combattant (puisqu’il s’agit là de la tombe du soldat inconnu) ne se rende complice de cette nouvelle ignominie par sa présence en ce lieu de mémoire nationale aussi longtemps qu’il sera ainsi sali.

 

Abbé Michel VIOT
Ancien Aumônier national des anciens combattants
Source : le Salon beige

 Rediffusé sur le site de l'ASAF : www.asafrance.fr
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Remarques de l’ASAF

Dès qu’elle a eu connaissance du projet d’empaquetage de l’Arc (avril 2019).L’ASAF a manifesté vigoureusement son opposition.
À l’issue de la cérémonie du 11 novembre 2019, le président de l’ASAF a exprimé son désaccord de vive voix à l’actuel président de la République.
En outre l’ASAF a lancé une pétition qui a recueilli plus de 6 000 signatures et commentaires.
Enfin, elle a diffusé de nombreux articles dans sa revue ENGAGEMENT et sur son site
www.asafrance.fr.
Hélas, elle n’a pas réussi à mobiliser les Français qui, pris par de nombreuses autres préoccupations, n’ont pas mesuré l’insulte qui est ainsi faite à tous nos soldats.

Source : www.asafrance.fr